« Cyclistes, vous empruntez cet bande cyclable à vos risques et périls. Le Conseil Général de la Savoie, à l’origine de son aménagement, décline toute responsabilité en cas d’accident. ». Voila le panneau qui devrait figurer à Terre-Nue et à la plage du Rowing, points de départ de bandes cyclables plus que dangereuses dès que la circulation se fait un peu dense. C'est-à-dire à peu près tous les week-ends et toutes les fins d'après-midi à la belle saison, quand la météo est de la partie.
Certes, pour aller d’Aix aux Mottets, il existe désormais une promenade au fil de l’eau, accessible aux cyclistes. Mais aussi aux rollers, aux piétons, aux poussettes … etc. Autant d’usagers qui ne sont pas vraiment faits pour cohabiter, pour la bonne et simple raison qu’ils n’avancent pas à la même vitesse. Ce n’est pas pour rien que les trottoirs sont réservés aux piétons et interdits aux cyclistes. Reste juste à comprendre pourquoi ce mode de fonctionnement logique et de bon sens appliqué aux trottoirs n’a pas été reconduit sur les bords du lac. On avoue ne pas avoir la moindre idée de la réponse. La vocation de promenade familiale ne faisant pas tout.
A noter que dans sa charte cyclable, la FFCT, qui gère le label « ville cyclotouristique » auquel Aix les Bains est candidate, recommande de ne pas réaliser de cheminement mixte. L’illustration ci-dessous, extraite de la dite charte, est on ne peut plus explicite.
Et la FFCT de conclure que « Cette situation [NDLR : les cheminements mixtes] ne doit pas perdurer, aucun des usagers qu'ils soient piétons, (valides, non voyants ou mal malentendants), PMR ou cyclistes, ne s'y retrouve. Les problèmes d'insécurité routière liés à une mauvaise organisation de la cohabitation, doivent être pris en compte rapidement. L'éducation, l'information et la sensibilisation, si elles sont nécessaires, ne régleront pas ces problèmes. ».
Apparemment le message n'est pas parvenu jusqu'aux oreilles de nos décideurs locaux.
Quoi qu’il en soit, sauf à l’emprunter quand elle est déserte, cette promenade n’est en aucun cas destinée aux cyclistes qui « envoient du gros ». Autrement dit des cyclistes, et ils sont légion, qui aiment rouler vite. Pour eux, le « bon » itinéraire, ce sont les bandes cyclables le long de la RD1201. Ces fameuses bandes cyclables qui, dès que la circulation devient dense, regorgent de pièges dangereux. A commencer par les voitures qui y stationnent en toute illégalité, mais sans que les autorités ne semblent vouloir les verbaliser. Et encore moins les mettre en fourrière. Exemple avec la photo ci-dessous, prise à hauteur du parking des Séselets. Mais on retrouve la même chose à hauteur de la plage du Rowing, jusqu’au nouveau rond-point de l’hôtel du poète.
Mais le pire, ce sont les motos. Ou plus exactement les écarts brutaux que font les voitures pour leur céder le passage. Qu’un automobiliste soit courtois envers un deux-roues motorisé en lui facilitant le passage à gauche, c’est bien. Mais quand cela se traduit, comme c’est souvent le cas, par un brutal écart à droite sans prendre la peine de regarder si un cycliste arrive dans la bande de circulation qui lui est pourtant réservée, alors là c’est une autre histoire ! Dimanche dernier, les voitures roulaient au pas de l’hôtel du poète jusqu’à Terre-Nue. Ne reculant devant aucun sacrifice, nous avons enfourché nos vélos et nous avons emprunté la bande cyclable d’un bout à l’autre, remontant toute la file de voitures. Résultat : on a bien failli se faire renverser une bonne vingtaine de fois chacun. Avec parfois des automobilistes qui vont jusqu’à couper complètement la bande cyclable, et qui en plus vous engueulent quand vous leur faites gentiment remarquer qu’ils n’ont rien à y faire, et surtout qu’ils pourraient faire attention aux cyclistes avant d’y pénétrer. Sans parler des entrées et sorties des ronds-points, endroits « privilégiés » où la quasi-totalité des voitures coupent la bande cyclable. Et là non plus, pas de doute possible : l'éducation, l'information et la sensibilisation, si elles sont nécessaires, ne régleront pas les problèmes.
Des problèmes qu’il était pourtant très facile d’éviter. En aménageant l’espace routier autrement. En observant la photo ci-dessus, on voit que la RD1201 se compose d’une bande cyclable, d’une voie de circulation, d’un terre-plein central, d’une autre voie de circulation et enfin d’une autre bande cyclable. Le terre-plein étant composé d’une zone centrale végétalisée, encadrée par deux « trottoirs » en béton désactivé. Sans rien changer au budget du chantier, il était tout à fait possible de réunir les deux voies de circulation, éventuellement en les séparant par une surélévation en béton désactivé. Puis de mettre la zone végétalisée. Et enfin de faire une piste cyclable bidirectionnelle plus large que les deux bandes actuelles réunies.
Les cyclistes auraient été bien plus en sécurité. Encore une occasion manquée qu'on ne retrouvera pas de sitôt …