Le sommet du Revard est-il encore un site naturel ? C’est la première question qui nous vient à l’esprit, en découvrant ce que les travaux de renaturation (sic) de la CALB sont en train de faire de ce sommet (voir un exemple ci-dessous).
Certes, il était déjà accessible en voiture. Certes il y avait déjà le restaurant et la gare de l’ancien téléphérique. Certes il y avait déjà les antennes de télévision et de téléphonie mobile. Rien de bien naturel dans tout ceci. Mais le reste ressemblait encore un tant soit peu au Revard tel que la nature l’avait façonné. Difficile d’en dire autant désormais. Quelle est donc cette étrange nature qui fait pousser des parkings, trace au cordeau des allées gravillonnées ou bitumées, les borde de granit (dans un massif calcaire !) venu de la lointaine Asie par on ne sait quel miracle géologique (car on doute que les bordures Made in China soit arrivées à pied de la Chine) ? Quelle est donc cette étrange nature qui façonne des talus bien égaux, qui fait pousser des pontons de bois autoclave avec des pieux de béton et d'acier en guise de racines ? En fait de renaturation (c’est le terme employé par la CALB), ne faut-il pas parler d’artificialisation ?
Les touristes qui visitent Aix cherchent encore le côté « parc » du « Grand Parc Urbain des Bords du Lac » (la fameuse ZAC et ses forêts de béton). En montant au Revard, ils pourront désormais trouver le côté « urbain » : un grand square aménagé au sommet d'un site (autrefois) naturel. La boucle (de l’angle Est) est bouclée.
Pour justifier ces travaux, le président de la CALB a expliqué que « le site souffrait d’une image vieillotte ». Mais vieillotte aux yeux de qui ? Pas des touristes et des visiteurs du Revard a priori. Car ce site reste le 2ème site naturel le plus visité de Savoie. Dans un département qui n’est pas avare de sites naturels remarquables, la « performance » mérite d’être soulignée. Et montre bien que le Revard ne souffrait pas d’un quelconque déficit d’image. Et puis quoi, c’est une course à la première place qui se joue ici ? Ou bien une course à la mégalomanie de certains élus qui veulent à tout prix « inscrire leur nom dans l’histoire » ? Peut-être trouvera-t-on bientôt au sommet du Revard une stèle commémorant l’inauguration du site en présence du député Machin-Chose ou du président Truc-Bidule. Comme sur les bords du lac avec la pierre Gaymard (lire par ailleurs).
LE MOT DE LA FIN
Ne nous faites pas dire ce que nous n'avons pas dit. Tout dans ces travaux n'est pas à jeter. Ainsi, au rang des bonnes idées, on peut retenir l'installation de sanitaires publics, l'accessibilité handisport pour l'aire de décollage des parapentes, ou encore le fait de débarrasser le sommet de la présence des voitures. Mais la réalisation de ces bonnes idées là ne nécessitait nullement tout le reste, que d'aucuns qualifient d'ores et déjà de « massacre ». Et en allant faire un tour sur place, difficile de leur donner tort.
ET UN DERNIER POUR LA ROUTE ...
Devinez ce que la CALB a semé entre ses haies et ses arbres bien alignés ! On vous le donne en mille : du gazon. Qui, comme chacun le sait, est une plante herbacée tout à fait typique des sommets des Bauges. Ils ont chassé le naturel, espérons qu'il revienne au galop.
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