Si si ! On le redit et on assume : les aixois sont des gens formidables ! Toujours prêts à croire, sans même s’interroger un tout petit peu, toutes les belles histoires que leur racontent leur député-maire et ses acolytes. Et en revanche toujours prêts à remettre en question des vérités dont on voit bien mal quels avantages leurs auteurs auraient à les « proférer » si elles n’en n’étaient pas.
Essayons de développer un peu l’idée, au travers de trois exemples concrets. Vers le début de l’automne dernier, la météo était encore au beau fixe. Le soleil réchauffait l’atmosphère et les promeneurs de ses rayons. Sur un parcours au calme, les quidams pouvaient apercevoir de loin, un banc idéalement situé, promesse d’un instant de repos et de quiétude. Bizarrement, l’endroit était désert. Nul séant sur les planches en bois du banc. L’explication, les promeneurs la découvrait en arrivant à hauteur du dit banc. Sur lequel était apposée une affichette indiquant « PEINTURE FRAICHE ». Dame, c’est qu’il faut bien entretenir un minimum le mobilier urbain. Eh bien, croyez-le ou non, mais durant les 30 minutes pendant lesquelles nous sommes restés en observation à proximité, il s’est bien trouvé un passant sur deux pour toucher le banc du doigt afin de s’assurer de l’exactitude du message de l’affichette. Des fois qu’on leur aurait menti.
Plus tard, dans le courant de l’hiver, une des portes automatiques de la gare est tombée en panne. Ni une ni deux, le chef de gare adjoint (sans doute après en avoir référé à Paris au siège de la SNCF où toutes les décisions importantes sont prises), a fait apposer sur la porte des affichettes indiquant « PORTE EN PANNE, MERCI D’UTILISER LA PORTE VOISINE ». Laquelle était indiquée par une flèche directionnelle afin que nul ne se perde. Sur ce, le devoir accompli, notre chef de gare adjoint s’en est retourné à sa belote, sans prendre la peine d’appeler la société de maintenance. On ne saurait lui en vouloir, cette tâche est dévolue au chef de gare tout court, lequel était présentement absent au moment de l’incident. Bref, que croyez-vous qu’il arriva ? On vous le donne en mille : il s’est bien trouvé deux voyageurs sur trois pour néanmoins s’approcher au plus près de la porte, voire pour agiter le bras sous la cellule déclenchant l’ouverture, afin de vérifier si par hasard on ne leur mentirait pas en affichant que cette porte était hors d’usage. On passe sur les quelques ahuris et autres « permanents » du mobile. Lesquels, pour cause de tête en l’air ou de tête dans leur portable ont brutalement connu les affres d’une rencontre porto-nasale (rien à voir avec le fait d’avoir deux ou trois verres de Porto dans le nez !).
Plus récemment, dans le cadre du chantier d’aménagement des bords du lac, la piste cyclable qui traverse la plage du Lido en direction d’Aix a été barrée par des grillages, en partie nord de la plage. Barrage légitime, destiné à empêcher les cyclistes et autres promeneurs de se retrouver brutalement en plein chantier, au milieu des scrappers, pelleteuses et autres camions à 6, 8 voire 12 roues. Bien que cette voie sans issue soit annoncée, il se trouve quand même tout un tas de gens pour aller jusqu’à coller leur nez aux grillages en question, des fois qu’il existe un passage, que la voie ne serait donc pas vraiment sans issue, bref, qu’on leur aurait menti.
Alors oui, ils sont formidables les aixois ! Pas crédules pour un sou. Toujours prêts à remettre en doute la parole officielle. Ne reculant devant rien pour s’assurer que la réalité qu’on leur présente est bien la réalité. Bref, ce ne sont pas gens à s’en laisser compter. Ils ne sont pas du genre à gober toutes crues les promesses et les annonces qu’on leur sert. Enfin … presque.
Car cela dépend visiblement du sujet. Quand il s’agit de peinture fraiche, de porte en panne ou de voie cyclable sans issue, alors là il y a du monde pour douter et pour exercer son droit de regard voire d’ingérence. Mais quand il s’agit des affaires de la ville, alors là curieusement il n’y a (presque) plus personne. A croire que dès que le député-maire s’exprime, les aixois boivent ses paroles comme si elles étaient d’évangile. Serait-ce donc Saint-Dominique qui présiderait à la destinée de la ville ?
Tenez par exemple quand Dominique Dord affirme ne pas avoir augmenté les impôts. Tout le monde (ou presque) dit amen. Et pourtant, il suffit de peu de temps pour calculer que si les impôts n’avaient effectivement pas augmentés depuis 2001, le total des recettes de fiscalité locale pour 2011 ne serait pas de 15,5 millions d’euros, mais de 11,9 millions d’euros. Soit une augmentation de +32% par rapport à 2000, ce qui correspond peu ou prou au cumul de la croissance démographique et de l’inflation. Or l’augmentation réelle des impôts est elle de +73% (plus du double) ! Cherchez l’erreur.
Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Alors pourquoi diable les aixois ne font-ils pas montre de la même méfiance, de la même curiosité à l’égard des déclarations de leur premier édile qu’à l’égard d’affichettes apposées sur un banc, une porte automatique ou une piste cyclable ? La réponse a sans nul doute des apparences proverbiales : quand on aime on ne compte pas. Alors tant que notre bon député-maire continuera de faire battre la chamade aux cœurs dans les maisons de retraite, la confiance aveugle, sourde et muette que lui font une majorité d’aixois n’est pas prête de s’éteindre ! Comme disait on ne sait plus qui : « c'est beau, on dirait du veau ! »