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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 07:45

Dans son interview publiée par l’Hebdo des Savoie début janvier, Dominique Dord reproche aux écologistes d’être « un peu plus dans l’utopie ». Sous-entendu un peu plus que les socialistes. Déclaration faite en évoquant la candidature unique EELV/PS dans la 1ère circonscription de Savoie pour les prochaines législatives. Voila qui mérite qu’on s’y attarde un peu.

 

VOUS AVEZ DIT UTOPIE ?

L’utopie peut être vue comme une représentation d'une réalité idéale et sans défaut. Elle est donc plutôt attirante. Victor Hugo voyait l’utopie comme la réalité de demain. Benjamin Franklin la définissait comme étant simplement ce qui n’a pas encore été essayé. Alors les écologistes sont-ils dans l’utopie, comme l’affirme Dord ? Si tel est le cas, on ne peut que les en féliciter. Et adhérer à leurs thèses. Car si la réalité de demain est idéale et sans défaut, pourquoi vouloir s’en priver au seul prétexte que cela n’a pas encore été essayé ?

 

Il convient de noter au passage que les arguments avancés par Dord pour justifier son affirmation sont bien maigres. Voire inexistants. Et pourraient se résumer au seul fait qu’il ne partage pas les points de vue des écologistes. Ce qui a ses yeux signifie par conséquent que ces points de vue ne sont pas valables, pas réalistes. C’est un peu court, plus tout à fait jeune homme.

 

 

UTOPIE OU IMPASSE ?

Dans cette même interview, Dord reconnait explicitement que notre pays se trouve aujourd’hui dans une impasse. Notre pays, mais aussi d’une façon plus générale la planète toute entière. Or force est de reconnaitre que le système sociétal qui nous a conduit dans cette impasse est celui-là même que Dord continue de prôner aujourd’hui. Ce capitalisme qui, d’une certaine façon, repose lui aussi sur une utopie. Car le fondement du capitalisme défendu par Dord et sa famille politique, c’est la croissance. Une croissance perpétuelle, infinie. Qui suppose donc, pour être crédible et viable à terme, que nous vivions dans un monde sans limites, disposant de ressources naturelles infinies. Si tel était le cas, cela se saurait. Le dogme de la croissance est donc une impasse. Une impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Et que propose Dord pour nous en sortir ? De continuer à avancer dans le même sens ! En clair, de foncer dans le mur.

 

Toute personne dotée d’un minimum de bon sens sait pourtant que le moyen le plus simple de se sortir d’une impasse, c’est de faire demi-tour et de se mettre à la recherche d’une autre voie. Pour ceux qui ont guidé l’humanité jusque dans cette impasse, cela demande du courage. Le courage de reconnaitre leurs erreurs. De les assumer. En lieu et place de quoi des élus comme Dord préfèrent s’enfermer dans leurs erreurs, et stigmatiser ceux qui essayent tant bien que mal de proposer une autre voie.

 

Mais honnêtement, vous préférez quoi ? Continuer à avancer droit devant, en sachant que tôt ou tard (et sans doute plus tôt que tard) on finira par se trouver au pied d’un mur impossible à escalader. Ou bien prendre le risque de faire demi-tour pour aller s’engager sur une autre voie, même si cette voie semble aujourd’hui relever de l’utopie. Cette utopie appelée à devenir la réalité de demain.

 

 

UTOPIE ET NUCLÉAIRE

A l’annonce de l’accord entre le PS et EELV sur la programmation d’une future sortie du nucléaire, les chevaliers de l’UMP ont enfourché leurs grands chevaux. Irréaliste, impensable, irréalisable, déconnecté de la réalité … etc. Bref, utopique. Mais qu’en est-il de la vision que l’UMP a de l’énergie nucléaire ? A l’en croire, elle serait 100% propre, et même renouvelable (sic), 100% sûre, et garantirait à 100% l’indépendance énergétique du pays. En clair, une énergie idéale et sans défaut. Une énergie utopique en quelque sorte. Il faut pourtant une sacrée dose de mauvaise foi pour avancer de telles inepties. 100% propre, et même renouvelable ? Il n’existerait donc pas de déchets nucléaires dont on ne sait que faire. 100% sûre ? Tchernobyl et Fukushima, pour ne parler que des accidents les plus majeurs, ne seraient donc que des histoires romancées. 100% d’indépendance ? Alors même que nous importons la quasi-totalité du carburant de nos centrales ? (lire par ailleurs cet article sur Terraeco.net).

 

 

Mine de rien, ces premières déclarations de Dord, pas encore officiellement candidat à sa propre succession (mais chacun sait qu’il le sera), augurent bien de ce que sera le reste de la campagne électoral. D’un côté la poursuite de l’usage de vieilles recettes éculées dont on sait qu’elles ne fonctionnent pas. Et dont les tenants reconnaissent eux-mêmes qu’elles nous ont conduit dans une impasse. De l’autre la proposition d’essayer autre chose. D’essayer de construire la réalité de demain sur d’autres bases.

 

 

LE MOT DE LA FIN

Il est en forme d’aveu. Au printemps 2010, peu après les élections régionales qui avaient été marquées par une forte poussée du vote écologiste, était parue une brochure intitulée « un territoire, un homme ». Elle faisait le panégyrique de Dominique Dord, le présentant comme un ardent défenseur de l’environnement. Une sorte de « géant vert », eu égard à sa taille. Il s’agissait, parait-il, d’une revue indépendante. Mais néanmoins fortement sponsorisée par des annonceurs locaux, dont plusieurs titulaires de marchés publics de la ville d’Aix les Bains.

 

Dans son interview à l’Hebdo des Savoie, Dord crache le morceau : « j’ai d’ailleurs sorti un magazine complet sur ce que j’ai fait en matière d’économie verte ». Voila donc la réalité enfin établie de la bouche même du député-maire aixois. Le magazine en question ne devait rien à une initiative indépendante de sa rédaction. C’était bel et bien une commande de Dord.

 

 

 

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commentaires

F
<br /> Encore une très belle analyse d'Aix Hebdo ! Merci.<br />
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S
<br /> L'utopie aujourd'hui, ne serait-ce pas de penser qu'on peut continuer comme avant ?... c'est à dire en ignorant la limite de la planète et des ressources naturelles et en pariant toujours sur la<br /> croissance et le modèle productiviste défendu entre autre par les 2 partis politiques principaux en France...<br />
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S
<br /> victor hugo "l'utopie d'aujourd'hui est<br /> la réalité de demain<br /> <br /> <br /> <br /> Alain Caraco, candidat écologiste aux<br /> élections législatives dans la 1ère circonscription<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Législatives 2012 : je serai le candidat écologiste dans la 1ère circonscription de la Savoie, avec le soutien du PS.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi ma candidature ?<br /> <br /> <br /> Nous vivons aujourd’hui une grave crise globale, à la fois écologique, sociale et économique. Pour la première fois depuis plus d’un siècle, les parents craignent que leurs enfants aient une<br /> vie plus difficile que la leur.<br /> <br /> <br /> Bien sûr, les partis de droite comme de gauche parlent maintenant de développement durable, mais seuls les écologistes ont compris que le monde a changé. On ne peut pas résoudre<br /> les problèmes d’aujourd’hui avec une vision d’hier. Seuls les écologistes proposent des solutions crédibles aux problèmes sociaux, économiques et environnementaux.<br /> <br /> <br /> Mais il ne sert à rien d'avoir raison tout seul. Encore faut-il savoir convaincre et rassembler. C'est ce que nous avons su faire avec Europe<br /> Ecologie et c'est ainsi que nous avons obtenu pour la première fois dans l'histoire de l'écologie politique deux bons résultats de suite, aux élections européennes<br /> 2009 et régionales de 2010.<br /> <br /> <br /> Les Français commencent à prendre conscience qu'ils vivent sur une planète finie. Mais ils sont attachés à la société née au lendemain de la Libération, qui a apporté la paix, la<br /> prospérité et la sécurité sociale. Ils veulent être accompagnés dans la transition écologique, pas faire la révolution.<br /> <br /> <br /> L'écologie peut apporter une nouvelle prospérité préservant nos ressources, dans un monde où il ne faut plus compter sur la croissance pour créer de l'emploi, ni sur le travail pour tous pour<br /> l'intégration de chacun.<br /> <br /> <br /> Les Français veulent une écologie désirable et constructive, qui donne confiance en l'avenir. C'est ce défi que je vais proposer aux électeurs de la 1ère circonscription de<br /> la Savoie de relever avec moi.<br /> <br /> <br /> La 1ère circonscription de la Savoie<br /> <br /> <br /> La 1ère circonscription de la Savoie s'étend de l'ouest de l'agglomération chambérienne à l'Avant-Pays Savoyard et comprend l'agglomération aixoise et le tour du Lac du Bourget.<br /> <br /> <br /> Dans le cadre de l'accord EELV-PS, elle est réservée à un candidat écologiste, avec le soutien du Parti socialiste.<br /> <br /> <br /> Alain Caraco<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> 50 ans, marié, 3 enfants.<br /> <br /> <br /> D'abord instituteur, je suis devenu conservateur général des bibliothèques et j'ai dirigé les principales bibliothèques publiques de Savoie et de Haute-Savoie. Je dirige actuellement les<br /> bibliothèques et la documentation de l'Université de Savoie.<br /> <br /> <br /> Militant depuis plus de 30 ans dans des associations pour des transports respectueux de l'environnement (marche, vélo, bus, tram, métro, train, complétés par un usage modéré et intelligent de<br /> l'automobile), je me suis engagé en politique en 2009 avec Europe Ecologie, dans le prolongement naturel de mon combat associatif.<br /> <br /> <br /> J'ai été candidat aux deux tours des élections régionales de 2010. Aux élections cantonales de mars 2011, j'ai obtenu 20,45% des suffrages, améliorant ainsi de 7,62 points le score écologiste<br /> des cantonales 2004. Il s'agit du meilleur score et de la meilleure progression écologistes du département de la Savoie.<br /> <br /> <br /> Ne détenant aucun autre mandat, je suis un candidat issu de la société civile.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://alain.caraco.free.fr/blog/<br /> <br /> <br />
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