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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 07:45

Ce n’est pas parce qu’Aix Hebdo s’intéresse principalement à l’actualité du bassin aixois qu’on n’a pas le droit, de temps à autre, d’aller jeter un œil sur l’actualité nationale.

 

Morale élastique

Brice Hortefeux : condamné à deux reprises en 2010 pour injures à caractère racial et pour atteinte à la présomption d’innocence, n’a jamais été démissionné de son poste de ministre, et a tranquillement pris son siège de député européen en 2011, suite à la démission (à peine forcée) de sa suppléante (élu en 2009, Hortefeux n’avait jamais siégé au parlement européen).

 

Georges Tron : simplement1 accusé (donc présumé innocent) de viol et d’agression sexuelle par deux anciennes employées de la commune dont il est maire, est démissionné quasiment sur le champ

 

On voit bien, au travers des deux cas ci-dessus, où se situent les valeurs morales du gouvernement et du président.

 

1 Ne vous méprenez pas : le « simplement » n’a pas vocation à chercher à minimiser le caractère grave des accusations portées à son encontre. Il vise en revanche à souligner le fait que dans les cas évoqués dans cet article, on a d’une part des faits supposés (ceux reprochés à Georges Tron) et des faits avérés (ceux concernant Ferry et Hortefeux).

 

 

LucFerry.jpgNous aussi on veut travailler dans la même ferry-boîte

Propos entendus dans la bouche de Luc Ferry sur France Inter au journal de 13 heures dimanche 12 juin : « Tout ceci est parfaitement légal et normal, nous sommes des milliers dans ce cas ». En parlant de chose parfaitement légale et normale, le ministre faisait bien évidemment allusion au fait qu’il ait continué à percevoir son salaire d’enseignant (4.499 euros nets par mois) à l’université de Paris VII sans jamais y donner le moindre cours tout au long de l’année universitaire.

 

Pour permettre à Luc Ferry de sauver la face (et son fric !), Matignon va prendre une mesure d’exception allant à l’encontre de toutes les règles et usages en vigueur, en le détachant à postériori auprès des services du premier ministre, dans le cadre du « Conseil d’analyse de la société ». Un machin dont personne ne sait vraiment à quoi il sert, mais dont on sait désormais qu’il coûte une petite fortune aux contribuables français. Il n’est pas inutile de rappeler que Luc Ferry perçoit déjà une indemnité versée par les services de Matignon pour son rôle dans ce conseil.

 

On pouvait s’attendre malgré tout à ce que Luc Ferry rembourse lui-même à l’université les sommes qu’il a indument perçues au titre d’un travail non effectué. Il n’en sera rien, ce sont les contribuables français qui vont s’y coller, puisque c’est Matignon qui va rembourser l’université Paris VII. Conclusion : Môssieur Ferry aura donc perçu 6.250 euros pendant plusieurs mois pour 1° des heures de cours non assurées 2° la présidence d’un conseil dont personne ne sait à quoi il sert.

 

On est vraiment curieux de savoir qui sont les au moins 1.999 autres personnes qui, d’après Luc Ferry lui-même, seraient dans le même cas que lui. Un détail au passage : 2.000 personnes à 6.250 euros par mois, ça fait près de 27.000 allocations de base du RSA. A l’heure où le gouvernement entend faire travailler ces « assistés » qui vivotent avec moins de 500 euros par moins, il pourrait aussi se soucier de mettre au travail ces milliers de personnes (toujours selon Luc Ferry) qui perçoivent plusieurs milliers d’euros par mois pour ne rien faire.

 

Petit rappel à l’intention de l’ancien ministre : l’adage selon lequel tout travail mérite salaire a aussi son pendant. A savoir que tout salaire mérite travail !

 

Rappel important : un professeur d'université comme Luc Ferry doit assurer 192 de cours par année universitaire. Celle-ci s'étalant sur environ 32 semaines, cela représente 6 heures par semaine. Quand on voit avec quelle facilité des élus comme Dord cumulent les fonctions de député, maire, président d'une agglomération, trésorier du premier parti de France ... etc (on en passe des présidences de ci et de ça), on a un peu de mal à croire que les activités de Luc Ferry au sein du conseil d'analyse de la société ne lui laisse pas le temps d'assurer à côté 6 heures de cours par semaine. D'ailleurs quand on regarde la composition de ce conseil (cliquez ici), on voit qu'il comporte en son sein bon nombre d'enseignants universitaires autre que Luc Ferry (dont le président délégué). Bénéficient-ils tous du même régime que lui ? On en doute.

 

Et si on parlait un peu du « cas » Beretti ?

Puisqu’on est dans les histoires de sous, revenons un peu pour conclure cet article à notre bonne vieille ville d’Aix les Bains. Depuis mars 2008, Renaud Beretti en est le 1er adjoint. Lors du premier conseil qui a suivi l’élection, les élus de la majorité ont fixé le montant de leurs indemnités. Sans surprise (?), ils ont choisi d’appliquer le niveau maximal autorisé par la loi. Soit 33% de l’indice dit IB 1015. Ce qui en 2008, une fois appliquées les majorations de 15% (ville chef-lieu de canton) et 25% (ville touristique) donnait en gros 1.775 euros par mois pour ce qui concerne Renaud Beretti. Pour lequel l’indemnité a été fixée à 4190 euros par mois. Soit 2.415 euros de plus.

 

On vous rassure de suite, rien d’illégal là dedans. Le « surplus » provient en effet de la part dite d’écrêtement de Dord. Qui, en tant qu’élu cumulard, ne peut pas percevoir plus que le plafond autorisé par la loi (un peu plus de 8.000 euros d’indemnité de base en 2008). Mais qui, en tant que maire, peut choisir de reverser la part excédentaire à un adjoint. Ce qu’il a fait dans en reversant cette part à Renaud Beretti. Lequel voit ainsi son indemnité plus que doublée. Rien à voir bien évidemment avec le cas de Luc Ferry. Car pour ce qui concerne Renaud Beretti, même s’il commence lui aussi à cumuler pas mal d’autres fonctions en plus de celle de premier adjoint2, lui au moins assure en mairie le travail pour lequel il est payé.

 

Reste que si Beretti était le 1er adjoint d’un maire non cumulard, il ferait le même boulot mais serait payé deux fois moins. Légal oui, moral, ça se discute.

 

2 Président de l’UPA (l’association de soutien à sa politique, ça ne s’invente pas), président de La Ribambelle, président d’Avenir Jeunes, et on en oublie peut-être.

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