Voila une nouvelle qui va faire du bruit. Et qui risque d’en surprendre plus d’un. Figurez-vous qu’à Aix les Bains, c’est la population qui décide de la politique municipale. Et qui décide de ce qui doit être fait ou ne pas fait. Ca vous en bouche un coin ? Nous aussi !
Et pourtant, c’est la réalité réelle, si vous nous passez l’expression. Enfin, si on en croit Sylvie Cochet, ci-devant adjointe au maire avec un titre à rallonge (adjointe au maire chargée des travaux, de l'urbanisme, de l'environnement et la santé et de l'embellissement urbain, ouf, vous pouvez reprendre votre souffle). L’adjointe de Tresserve (et oui, elle est adjointe à Aix mais n’y habite toujours pas elle non plus) a en effet déclaré récemment à la presse (voir Essor Savoyard du 9 juillet) que si la plupart des ronds-points de la ville sont ornés de fontaines ou sont paysagés, c’est « parce que la population exige d’avoir de beaux carrefours giratoires ». Et si la ville est truffée de giratoires (45 au total), c’est « parce que la population les demande ».
CQFD. Si Dord a fait des ronds-points à tour de bras depuis sa première élection en 2001, et si ceux-ci sont pour la plupart joliment agencés, ce n’est par le fait de sa volonté : c’est la population qui l’a demandé, imposé, exigé même !
Une fois ce « scoop » digéré, vous vous poserez sans doute les mêmes questions que nous. Quelle est donc cette population qui exige (et obtient) des ronds-points ? Et comment s’y prend-elle pour obtenir satisfaction de la part de la mairie ?
Pour autant que l’on sache, de mémoire d’aixois, on n’a jamais vu un quelconque défilé arpenter la rue de Genève au cri de « on veut des ronds-points ! » (ou encore « des ronds-points sinon rien ! »). On n’a pas plus le souvenir d’avoir un jour été appelé à signer une pétition visant à exiger l’aménagement de giratoires. Alors on ne voit pas très bien, et même pas du tout qui est cette population qui exige des ronds-points, dont nous parle Sylvie Cochet. Mais peut-être considère-t-elle que les seuls membres du très fermé club des aficionados du maire et de sa majorité (l’UPA) sont la population d’Aix les Bains. A force de vivre en vase clos au sein de l’UMP locale, la confusion serait compréhensible. Compréhensible certes, mais elle n’en demeure pas moins illégitime. Sauf à accorder le même droit de représentativité aux adhérents d’Aix Avenir par exemple (ce qui serait tout aussi illégitime).
Alors, quand Sylvie Cochet affirme sans rire que si la ville à des ronds-points de partout, c’est parce que la population les demande, et que s’ils sont décorés, c’est parce que la population qui l’exige, elle prend franchement les aixois pour des truffes. C’est en tout cas notre point de vue. Mais, bien évidemment, si demain l’élue nous sort de ses dossiers les milliers de courriers d’exigence qu’elle a du recevoir de cette population, nous sommes tout prêts à avaler nos chapeaux1. Quelque chose nous dit qu’on aura pas trop à redouter les insolations cet été …
Pour rompre un instant avec le ton badin de cet article, il convient de dénoncer une nouvelle fois cette opération de communication de la municipalité aixoise. Une communication qui a trouvé toute sa place dans l’Essor Savoyard du 9 juillet dernier. Dans une édition où ne figurait pas un seul mot sur les conférences de presse du 5 juillet des élus d’opposition sur le rapport de la CRC. Pourtant, deux semaines plus tôt, l’Essor n’avait pas manqué de rendre compte de la conférence de presse de Dord sur ce même rapport. Mais parler des ronds-points aixois était tellement plus urgent, et tellement plus dans l’actualité que de livrer aux aixois les points de vue de l’opposition sur la gestion municipale !
BONUS : à l’instar d’un homme, une population avertie en vaut sans doute aussi deux. Aixoises, aixois, vous voila désormais au courant. Si vous voulez quelque chose, il suffit de l’exiger auprès de la mairie qui se pliera aussitôt à vos quatre volontés. Enfin, du moins dans la vision idyllique (?) que nous livre Sylvie Cochet. Parce que la réalité, au cas où vous ne l’auriez pas encore découverte, c’est bien loin d’être ça. A moins que …
Allez savoir, peut-être les parents d’élèves des écoles de la ville ont-ils exigé une augmentation de 42% du prix des repas dans les cantines (on ne sait pas s’ils l’ont exigée, mais en tout cas ils l’ont « obtenue »).
Blague à part, ou presque, on en connait que la satisfaction de la soit disant exigence populaire de l’aménagement de ronds-points doit faire sourire (jaune). On pense aux riverains du boulevard des Généraux Forestier. Voila des années qu’ils demandent qu’une simple « banane » soit installée dans la courbe que fait leur rue avant de rejoindre la place du Rondeau, et ce afin de réduire la vitesse des véhicules. La place du Rondeau a été refaite en 2009 (pour plus d’un million d’euros), mais toujours pas de « banane » en vue sur le boulevard des Généraux Forestier. Pourtant, il y a quelques années, les habitants de la rue du Colonel Rollet ont eux obtenu sans le moindre mal la transformation en « banane » du mini rond-point qui venait juste d’être construit (bel exemple de gaspillage !) à l’intersection de leur rue avec le boulevard des Généraux Forestier.
Peut-être les riverains de ce boulevard ont-ils le tort de demander bien poliment, alors qu’ils devraient exiger cette « banane ». A moins que leur seul tort soit de ne pas avoir suffisamment d’accointances au sein de la mairie …
(cliquez sur les photos pour les agrandir)
Ci-dessus à gauche le virage du boulevard des Généraux Forestier pour lequel les riverains réclament en vain, depuis des années, l’installation d’une « banane », afin de casser la vitesse des véhicules. A droite, seulement quelques hectomètres plus loin, les riverains ont obtenu sans mal la mise en sens unique de leur rue. Mais qui plus est, ils ont obtenu que la mairie démolisse le mini rond-point qui venait juste d’être installé (à grands frais) pour le remplacer par une « banane ». But de l’opération ? Faire du chemin du Colonel Rollet une rue quasiment privée, que seuls les riverains empruntent.
Qu’est-ce qui peut ainsi expliquer cette différence de traitement entre ces riverains ? D’un côté la mairie se plie aux quatre volontés des uns, de l’autre, elle demeure sourde à la revendication des autres. Si quelqu’un a une explication cohérente à proposer …
1 A force d’avaler des couleuvres, ça devrait glisser tout seul : on a de l’entrainement !