La ville propriétaire des anciens thermes, c’est pour bientôt (enfin peut-être). Mais à quel prix !?
Voila près de 18 mois que le conseil municipal a validé le principe du rachat par la ville des bâtiments des anciens thermes, en centre ville. Près de 50.000 m² chargés d’histoire, éléments phares du patrimoine de la ville, et porteurs de nombreux casse-têtes en perspective. Mais à 1,2 M€ (prix de vente accordé par l’Etat), l’affaire était « trop belle » pour la laisser passer. Ou en tout cas pour prendre le risque de voir une friche économico-industrielle s’installer en plein centre ville.
Au passage, on peut noter que l’affaire n’est pas si belle que ça. Même à 1,2 M€, soit 24 euros/m². Rien que le coût annuel d’entretien et de fonctionnement des lieux est estimé à 500 K€. Et on ne vous parle pas des importants travaux nécessaires : nombreuses mises aux normes de sécurité, réfections en tout genre, reprises sur l’étanchéité … etc. Le pire étant la nécessité, pour pouvoir implanter de nouvelles activités dans les locaux, de créer des places de stationnement. En nombre astronomique : entre 300 et 400, selon le maire lui-même. Soit un coût pour la ville entre 4,5 et 8 millions d’euros. Au final, le rachat des anciens thermes, divers travaux compris, pourrait donc coûter à la ville (à ses contribuables) entre 7 et 11 millions d’euros.
Et dire qu’à 300m de là, une société privée a pu racheter des thermes quasi neufs, les plus modernes d’Europe (dixit Dord), avec des terrains, des centaines de places de parkings souterrains et en surface, les sources thermales et quelques « à-côtés » non négligeables, le tout pour seulement 3 M€. En comparant les deux opérations, dans lesquelles le vendeur était le même (l’Etat), on se dit qu’un des acheteurs a su bien mieux négocier que l’autre. Et que les aixois auraient mieux fait d’élire Bernard Riac (pdg de Valvital) plutôt que Dord à la tête de leur ville.
Où l’on voit que tout a été mal ficelé dans la vente des thermes
On le voit, ce qui plombe le rachat des anciens thermes par la ville, c’est le coût qu’elle va devoir supporter pour l’aménagement de nouveaux parkings. Enfin quand on dit « elle » … il serait plus exact de dire « ils ». Ils, à savoir les contribuables aixois. Lesquels, pas toujours très bien informés (!), seront sans doute charmés d’apprendre qu’à 100m des anciens thermes, sous la villa Victoria, la société Valvital est propriétaire d’un parking dont elle n’a pas l’usage. Un parking qui faisait partie de la dot mise par l’Etat dans la corbeille de la mariée, au moment de la privatisation des thermes début 2011. Un parking pour lequel la ville est en négociation avec Valvital, afin de le racheter !
Résumons :
1. La ville d’Aix les Bains sait depuis juillet 2010 qu’elle va avoir besoin de créer entre 300 et 400 nouvelles places de stationnement à proximité immédiate des anciens thermes
2. l’Etat est justement propriétaire d’un parking à proximité immédiate des anciens thermes
3. Il l’englobe dans le paquet bradé à Valvital début 2011
4. Valvital n’a aucun usage de ce parking
5. la ville d’Aix les Bains s’apprête à racheter le parking en question à Valvital
Alors des questions se posent : pourquoi l’Etat (organisme public) n’a-t-il pas directement cédé le parking à la ville (autre organisme public), au lieu de permettre à une société privée de se faire encore un peu plus de gras sur le dos des collectivités ? Et qui est à l’origine (et responsable) d’une telle aberration ?
Où l’on voit que tout a été mal ficelé dans la vente des thermes (suite)
D’après Dominique Dord, une des orientations envisagées pour les anciens thermes serait d’y réimplanter une activité liée à l’eau, au bien-être. Avec pourquoi pas une orientation médicale. Bon apparemment les candidats à l’aventure ne se bousculent pas au portillon. Mais peut-être le maire pourrait-il nous refaire le coup de Serge Blanco ? Comme en 2007. Les aixois oublient si vite les fanfaronnades et les déclarations à l’emporte-pièce de leur maire. Ah, Serge Blanco, le roi de la thalasso basque, qui devait venir s’implanter sur Aix et y développer un complexe thermal mirifique. Complexe dont personne n’a jamais l’ombre du début du moindre petit commencement. A part dans quelques articles de presse aussi complaisants qu'irrealistes.
Bref, réimplanter dans les anciens thermes une activité liée à l’eau, pourquoi pas. L’idée est loin d’être mauvaise. Une activité liée au bien-être ? C’est un peu couru comme idée, assez à la mode. Mais bon, là encore pourquoi pas ? Une activité avec une orientation médicale ? Alors là on dit stop ! Non que l’idée en soi soit mauvaise. Mais le hic c’est que pour cela il faudrait avoir de l’eau ayant des propriétés médicales reconnues. En clair de l’eau thermale. Et c’est là que ça coince. Parce que l’eau thermale est désormais la propriété de Valvital. Qui en détient les sources. Elles aussi incluses dans sa corbeille de mariée de ce début d’année.
Résumons :
1. Depuis juillet 2010 la ville d’Aix les Bains envisage la réimplantation future d’une activité liée à l’eau dans les anciens thermes, avec une possible orientation médicale
2. l’Etat est justement propriétaire de sources thermales permettant cette orientation médicale
3. Il les englobe dans le paquet bradé à Valvital début 2011
4. Pour pouvoir utiliser l’eau thermale, le futur gestionnaire de l’activité à implanter dans les anciens thermes va devoir payer un droit d’usage à Valvital.
Alors là aussi des questions se posent. Pourquoi l’Etat a-t-il cédé les sources thermales à Valvital, offrant ainsi à cette société privée la mainmise sur cette ressource naturelle ? Pourquoi les sources ne sont-elles pas restées dans le domaine public, afin de garantir aux collectivités une équitable répartition de l’usage entre différents exploitants ? Qui est à l’origine, qui est responsable d’une telle aberration ?
Oui, décidément, tout a été mal ficelé dans cette opération. Dans laquelle on a bien du mal à distinguer une volonté de défendre au mieux les intérêts financiers des collectivités publiques. Enfin, quand on dit que tout a été mal ficelé dans la vente des thermes, c’est une question de point de vue. Nul doute que de celui de Valvital, tout a été parfaitement ficelé. Aux petits oignons même. Quant aux contribuables aixois (et autres) qui ont claqué plusieurs dizaines de millions d’euros dans les thermes, il ne leur reste qu’un champ de ruines à contempler. Et leurs yeux pour pleurer.