Si vendre ses charmes est réputé pour être le plus vieux métier du monde, il en est un autre qui ne date pas non plus de la dernière plus. C’est celui qui consiste, pour celles et ceux qui aspirent à diriger une quelconque entité, à s’attribuer les mérites des choses qui tournent rond et à rejeter sur d’autres la responsabilité de celles qui vont de travers. Dans ce domaine, nombre de politiques sont des spécialistes hors pair. Voire des orfèvres en la matière.
Prenons un exemple parmi d’autres. En l’espèce notre maire. Lors de sa dernière campagne électorale, pour les élections municipales de 2008, il n’a ainsi pas hésité à communiquer sur des éléments qui ne sont à l’évidence pas de son ressort (voir ci-contre). En quoi le maire d’Aix les Bains est-il donc responsable de la création de 150 emplois dans les BTP ou dans les services ? Est-ce lui qui est à la tête des sociétés privées qui sont censées avoir créé ces emplois ? Non, bien évidemment. Et qu’est-ce qui permet au maire d’Aix les Bains de se glorifier de l’attractivité de Savoie Hexapole et de Savoie Technolac ? Ces deux zones étant situées hors du territoire de la commune, l’une sur Méry et l’autre sur le Bourget du Lac, on ne voit pas très bien.
« L’industrie aixoise est en plein essor », n’hésitait pas à écrire Dord dans sa plaquette publicitaire de 2008. Sous-entendu, grâce à moi, cela va de soi.
Aujourd’hui, un des fleurons de l’industrie locale, Clipsol, est en difficulté. Fondée en 1969, cette société pionnière (en France) de l’énergie solaire, subit de plein fouet le contrecoup des nouvelles dispositions adoptées par la majorité UMP concernant la filière solaire. Ah, qu’il est loin le temps où le président Sarkozy, en visite à l’INES sur le campus de Savoie Technolac, promettait de faire de la France le leader mondial du solaire. Mais où sont donc passés les milliards promis pour aider la recherche et le développement du solaire ? Disparus, envolés. Ils n’auront vécus que le temps d’une promesse politique. Et avec eux, bon nombre de petites entreprises qui avaient cru à ces promesses, et qui aujourd’hui font face à la dure réalité. Si les grosses entreprises de la filière solaire résistent mieux, il n’est pas sûr pour autant qu’elles s’en sortent indemnes. Avec ses 115 salariés et ses 39 M€ de chiffre d’affaires en 2010 (en hausse de +50% par rapport à 2009 !), l’avenir de Clipsol semblait radieux. Las ! Les nouvelles dispositions prises par l’UMP ont mis un véritable coup d’arrêt au développement du solaire en France. Pour Clipsol, cela devrait se traduire en 2011 par une baisse de l’ordre de -35% de son chiffre d’affaire. Retour au niveau de 2009 donc. La direction a d’ores et déjà pris des mesures : 9 licenciements, 8 salariés mis à disposition d’autres entreprises, et tout un tas de contrats de sous-traitance ou d’intérim cassés ou non renouvelés.
La situation n’est certes pas encore catastrophique. Mais elle est néanmoins préoccupante. Après Areva, Clipsol est la seconde grande entreprise aixoise qui subit une sévère réduction d’activité. Avec toutes les conséquences inhérentes sur l’emploi.
En 2008, monsieur Dord avait su faire campagne en s’attribuant une part de responsabilité dans le supposé dynamisme économique de la ville. L’honnêteté voudrait que, dans un juste retour des choses, il assume aujourd’hui publiquement, et avec autant de communication qu’en 2008, sa part de responsabilité dans les revers que subissent des entreprises aixoises comme Areva ou Clipsol. Allez savoir pourquoi, mais on doute fort que cela advienne un jour. Quand tout va bien, c’est grâce à moi, et quand quelque chose va de travers, c’est la faute des autres !
LE MOT DE LA FIN
Hasard du calendrier, ou bien volonté délibérée de faire oublier les déboires de Clipsol ? Allez savoir ! Mais en tout cas le télescopage des articles du DL apparait pour le moins comme très opportun. Le 28 juillet, mise en ligne d’un article au titre « ravageur ».
Et seulement deux jours plus tard, mise en ligne d’un autre article vantant le fleuron de l’énergie solaire. Non pas Clipsol, mais l’INES à Savoie Technolac. Et dans ce second article, comme de bien entendu, pas un mot sur le changement de cap de l’UMP concernant la filière solaire. Et pas un mot non plus sur les milliards promis par Sarkozy et aussitôt évaporés.