Dans le quartier de Lafin, entre les tours HLM et le Pont Rouge, l’aménagement des berges du Sierroz joue les arlésiennes. Et pour les habitants du quartier, il sert aussi de marronnier à l’occasion des réunions de quartier.
CHANGEMENT DE CAP EN 21 JOURS
Le millésime 2010 de ces réunions n’a pas échappé à la tradition. Que ce soit à Franklin (8 novembre) ou à Lafin (29 novembre), la question de l’aménagement des berges est revenue sur le tapis. Rien d’étonnant, sauf peut-être la différence dans les réponses apportées par la municipalité à seulement 21 jours d’intervalle.
Lors de la réunion de Franklin, le maire avait commencé par constater qu’effectivement, rien n’a été fait pour cette promenade. Un constat que chaque habitant du quartier avait déjà fait de lui-même. Dominique Dord avait ensuite poursuivi en disant qu’un projet était toujours plus ou moins dans les cartons (visiblement plutôt moins que plus), et qu’il faudrait sans doute le réactiver. Puis il avait poursuivi en évoquant des difficultés liées à l’élimination d’une plante envahissante, la Renoué du Japon. Avant de conclure en rappelant que tout cela ça coûte cher et qu’en période de crise, patati-patata, vous connaissez la chanson. Discours totalement différent lors de la réunion de Lafin. Cette fois-ci il n’est plus question d’un projet enterré au fond d’un carton et qu’il faudrait réactiver. Plus question non plus d’histoire de gros sous qui ferait défaut pour cause de crise. Et apparement plus de problème pour l’élimination de la plante colonisatrice. Non, cette fois-ci la municipalité annonce un projet pour 2011. Le terme n’a pas été employé, mais on serait presque tenté de dire dès 2011, pour reprendre une préposition qui a habituellement une place de choix dans la communication municipale.
Qu’est-ce qui, en seulement 21 jours, a pu induire un tel changement ? Mystère et boule de gomme ! Mais ne cherchons pas la petite bête. Ne cherchons pas à comprendre pourquoi le financement semblait poser un problème début novembre et plus aucun à la fin du même mois. Ne cherchons pas non plus à démêler le fil des méandres administratifs, ni à essayer de saisir par quel miracle un projet enterré a brusquement refait surface en tout juste trois semaines et a pu être planifié pour une réalisation dans un délai record. Non, contentons-nous d’accueillir la nouvelle comme il se doit, c'est-à-dire comme une bonne nouvelle.
Mais sans pour autant perdre de vue que des bonnes nouvelles annoncées, il y en a eu légion. Mais bien plus que des bonnes nouvelles qui se sont traduites par des réalisations concrètes. Et pour l’instant, la bonne nouvelle de l’aménagement de la promenade du Sierroz est à ranger dans la seconde catégorie. N’oublions pas en effet qu’il y a plus de quatre ans, Dominique Dord et Corinne Casanova avaient promis en chœur que la promenade du Sierroz serait refaite dès l’automne 2006.
A défaut de pouvoir influer d’une quelconque façon sur la réalisation de ce chantier, les habitants du quartier pourraient toujours aller poser un cierge à Saint-Thomas !
DES DIFFICULTÉS EN PERSPECTIVE
Si l’aménagement de cette promenade fait la quasi unanimité parmi les habitants du quartier, la réalisation ne s’annonce pourtant pas sous les meilleurs auspices. Au moins deux difficultés s’annoncent déjà à l’horizon.
La première concerne la nature de l’aménagement à réaliser. Les cyclotouristes ont déjà fait connaitre leur position : ils veulent un aménagement cyclable. Traduisez une voie goudronnée. Un choix que la ville semble partager, si l’on en croit les déclarations faites à l’occasion d’une réunion de la commission des bords du lac. Mais ce choix d’une piste goudronnée ne fait pas le bonheur de plusieurs associations environnementales. Qui préféreraient un aménagement plus « nature ». Au-delà de l’aspect naturel, force est de reconnaitre qu’une piste goudronnée sur les berges ferait un peu double emploi avec la bande cyclable aménagée rue du Colonel Rollet et chemin des Marmillons. Deux rues que les cyclistes sportifs peuvent emprunter sans risque vu leur très faible trafic automobile. Aménager les berges avec un chemin en stabilisé (par exemple) les rendrait accessibles aux cyclistes « du dimanche » et aux familles à vélo, tout en incitant à un meilleur partage de l’espace avec les piétons. L’expérience de la piste cyclable d’Annecy, mais aussi celle entre le Lido et Terre-Nue, montre que l’asphalte favorise la vitesse des vélos et induit donc une cohabitation plus difficile avec les autres usagers, plus lents par nature. Quoi qu’il en soit, le type d’aménagement à réaliser est un sujet qui nous semble mériter un vrai débat, autour des différentes solutions envisageables, qu’il conviendrait de présenter au public de façon équitable. C'est-à-dire en leur accordant la même importance, et les mêmes moyens d’étude en amont. Ce qui n’empêche bien évidemment en rien la ville d’annoncer sa préférence pour telle ou telle solution si elle en a une.
La seconde difficulté qui s’annonce concerne la partie terminale, depuis le cœur du hameau du vieux Lafin jusqu’au Pont Rouge. Sur cette partie en effet, à en croire les propos tenus lors de la réunion de quartier du 29 novembre, des riverains des berges se les seraient en partie appropriées, rendant tout passage impossible. L’information demande à être vérifiée mais si tel est bien le cas, cela promet du sport. Et peut-être quelques batailles juridiques en perspective.
Dossier à suivre.
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