« A l’image de la rue de Genève, rénovation et embellissement d’une grande artère par an (notamment dans le quartier de la Liberté, de Franklin, du Rondeau, de Saint-Simond, du Grand-Port ou du centre ville …) ». Voici mot pour mot le chantier prioritaire de Dominique Dord et de son équipe tel qu’il était libellé dans leur document de campagne de 2008.
Promesse pour le moment tenue. Au moins en partie. En 2009, c’est la place du Rondeau qui a été refaite. Sans pour autant toucher aux rues avoisinantes, dont certaines avaient (et ont encore) bien besoin d’aménagements de circulation. En 2010, ça a été le tour de l’avenue de Chambéry. Promesse tenue donc pour le quartier du Rondeau et pour le centre-ville. Reste que rien n’a été fait de tel en 2008 (ou alors ça nous a échappé). Ca va donc être chaud pour la suite du programme qui, dans les trois ans et quelques qui restent jusqu’aux prochaines élections, devra voir rénover et embellir une grande artère dans le quartier de la Liberté, dans celui de Franklin, dans Saint-Simond et dans celui du Grand-Port. Soit quatre chantiers en moins de quatre ans … à raison d’un par an. Sans parler de tous les autres, ceux que l’on devine dans les points de suspension, et dans le « notamment » du document rédigé par Dord. Des points de suspension et un « notamment » qui n’étaient là que pour tromper les électeurs, en laissant penser qu’il y aurait des aménagements ailleurs que dans les quartiers cités. Sauf que, il y six quartiers cités, qu’un mandat municipal dure six ans, et que la promesse c’était un chantier par an.
Au-delà de son caractère fallacieux, on peut aussi se demander à quoi rime cette promesse. Le Journal d’Aix les Bains ironisait récemment sur l’état de la voirie aixoise, où nids de poules (voir de plus grosses bêtes) et autres fissures fleurissent gaillardement. Un état qui, d’après les informations de nos confrères, serait essentiellement imputable à l’insuffisance des crédits accordés aux services municipaux pour assurer un entretien correct des chaussées et trottoirs de la ville. A la lueur de ces données, et à celle du constat que chacun peut faire en arpentant Aix les Bains, ces « grandes opérations de voirie » (sic), qui monopolisent donc les capacités financières de la ville en ce domaine, apparaissent comme de grandes opérations « poudre aux yeux », destinées à éblouir les aixois et les visiteurs pour éviter qu’ils regardent ailleurs. Des opérations de « prestige », que l’équipe Dord peut présenter en bombant le torse de fierté lors des réunions de quartier, mais qui dans le fond n’améliorent pas vraiment la vie quotidienne de la majorité des habitants. Ce qui semble être une des constantes de la ligne directrice de l’action municipale depuis 2001. Laquelle s’apparente plus au parcours d’un manager d’entreprise (on emploie le mot anglais à dessein) qu’à celui d’un élu chargé d’administrer une ville au service de ses habitants.
A noter que toutes ces « grandes opérations de voirie », y compris celles réalisées au cours du 1er mandat, « bénéficient » toutes d’une constante : celle de l’absence de réalisations permettant de favoriser le passage des transports en commun, de façon à les rendre plus compétitifs face aux véhicules individuels. A vrai dire, on se demande même si une réflexion a été engagée sur le sujet. Au vu du résultat, il est permis d’en douter.
A PROPOS DE L’AMENAGEMENT DU RONDEAU
Un des objectifs des aménagements réalisés place du Rondeau, sur l’avenue du Grand Port, était parait-il de sécuriser la circulation des cyclistes. Voici ce que ça donne en pratique. En arrivant du rond-point de l’hôpital, un cycliste doit abandonner la chaussée un peu avant la pharmacie pour rouler sur le trottoir, qu’il doit partager avec des piétons (y compris ceux qui montent ou descendent du bus), des voitures en stationnement, des voitures qui entrent ou sortent du petit parking de la pharmacie. Ca fait pas mal de monde à surveiller tout ça. Arrivé à hauteur du rond-point, il doit se réengager sur la chaussée, en cédant le passage aux voitures venant de sa gauche, tout en ne perdant pas de vue le passage piéton juste à sa droite, ni la circulation des véhicules sur le rond-point. Une fois ce dernier franchi, rebelote pour une nouvelle montée sur le trottoir. Heureusement cette fois-ci plus de parking ni d’arrêt de bus. Mais une dernière surprise attend le valeureux cycliste. Car il va devoir à nouveau se réengager sur la chaussée, toujours en cédant le passage, mais avec cette fois-ci un nouvel obstacle supplémentaire : un panneau publicitaire qui lui masque totalement la circulation sur l’avenue du Grand-Port !
Illustration en deux photos. A gauche, notre cycliste arrive à la fin de la bande cyclable
sur le trottoir, et doit reprendre l'avenue du Grand Port. A droite, on voit clairement que
depuis la bande cyclable, le panneau publicitaire masque la circulation. Bien pensé non ?
Les voitures, quant à elles, bénéficient d’une chaussée quasiment strictement rectiligne d’un bout à l’autre de l’aménagement. Autant vous dire que le respect de la limitation de vitesse à 30 km/ est le cadet des soucis des automobilistes. Et qu’ils ne se soucient guère plus des « rentrées » de cyclistes. A leur décharge, il faut bien reconnaître que quand ces « rentrées » s’effectuent derrière des panneaux publicitaires qui les masquent à votre vue, il est bien difficile de les voir venir. Et l’on ne vous parle ici que de voitures. Mais il ne faudrait pas oublier les très nombreux camions qui empruntent quotidiennement l’avenue du Grand Port, et donc la place du Rondeau. Vous savez, ces camions à propos desquels un candidat à la mairie en 2001 nous avait promis qu’il les ferait disparaître de la ville. Ah zut, comment s’appelait-il déjà ce candidat ? Ah oui, ça nous revient, Dominique Dord. Quel dommage qu’il n’ait pas été élu pour pouvoir mener à bien son programme …