Nous n’allons pas revenir en détail sur le Plan Habitat 2014 présenté par Dord et ses acolytes à la maire d’Aix les Bains en 2008. Comme nous l’avons déjà démontré en long en large et en travers dans nos pages, ce plan ne permet en rien d’atteindre les 20% de logements sociaux imposés par la loi SRU. A fortiori, il permet encore moins de répondre aux besoins de la ville et de ses habitants en matière de logement.
Mais, comme depuis que notre député-maire est devenu une vedette du grand cirque médiatico-politique, de nombreux internautes « étrangers » à Aix les Bains lisent notre site, une petite piqûre de rappel sur la politique du logement de Dord ne nous semble pas inutile. Ces nouveaux internautes découvriront ainsi une facette du nouveau trésorier de l’UMP qui leur est sans doute encore inconnue. A savoir celle d’un homme qui se prend les pieds dans ses propres chiffres. Les habitués de nos pages auront pour leur part droit à un petit rafraichissement de mémoire. Jamais inutile face à la machine à communiquer de la « Dordie ». Machine qui a tout du rouleur compresseur. Voici donc quelques éléments primordiaux qu’il est important de connaître, et de garder à l’esprit.
On rappellera en premier lieu que le Plan Habitat 2014 présenté en 2008, censé permettre à la ville de respecter les obligations de la loi SRU (20% de logements sociaux), prévoit la construction de 400 nouveaux logements sociaux à Aix d’ici à 2014, le conventionnement de 300 logements existants, et la démolition de 300 logements sociaux existants (dans le quartier de Lafin). Bilan de l’opération : +400+300-300= 400 nouveaux logements sociaux d’ici à 2014. Dans son rapport de 20091, la MIILOS (Mission Interministérielle d’Inspection du Logement Social) estime pour sa part qu’Aix les Bains doit produire 180 nouveaux logements sociaux par an jusqu’en 2016 (objectif défini dans le cadre de la loi SRU). Avec ses 400 logements sur 6 ans, le Plan Habitat 2014 de Dord est donc au tiers des besoins évalués par la MIILOS. Organisme d’état qui n’a aucun intérêt à sous-évaluer ni surévaluer les besoins de la ville.
On rappellera en second lieu qu’au cours des 7 années de son premier mandat de maire, Dord n’a produit que 181 logements sociaux sur « sa » ville. Ce sont ses propres chiffres, tels qu’il les livrait sur son blog de campagne électorale début 2008 (image ci-contre). 181 logements dont très exactement zéro (0) produits par la SAEMCARRA, société d’économie mixte détenue par la ville d’Aix les Bains, présidée par Dord, et dont la vocation est précisément de faire du logement social à Aix les Bains.
On rappellera enfin l’étonnante courbe de variation du taux de logements sociaux sur la ville d’Aix les Bains. Fin 1999, d’après l’INSEE, ce taux était de 15,7%. Fin 2005, et alors que Dord affirme avoir réalisé 85 nouveaux logements sociaux depuis son élection en 2001, ce taux est brusquement « supérieur à 20% ». Du moins si on en croit ce que Dord lui-même écrit dans la Lettre d’Aix les Bains (n°2 – 12/2005 voir extrait ci-dessous). Une publication municipale dont il est le directeur.
Dans un courrier daté du 3 janvier 2007, le préfet de Savoie, qui n’a aucune espèce d’intérêt à falsifier les chiffres, évoque lui un taux de 14,4%. Le 19 février 2008, lors d’un débat sur France 3 avec Fabrice Maucci, Dord avance le chiffre de 16,7%. 10 jours plus tard, sur son site de campagne, tout en traitant Fabrice Maucci de menteur (ça ne s’invente pas), Dominique Dord affirme cette fois que le taux de logements sociaux d’Aix les Bains est « très exactement » (sic) de 15,29% (voir ci-dessous).

Voila donc un homme qui semble avoir quelques problèmes avec les chiffres. Et d’une il pense atteindre les objectifs de la loi SRU en produisant 400 logements sociaux d’ici à 2014, quand les spécialistes interministériels de la question estiment eux le besoin à 3 fois plus. Estimation corroborée par de simples calculs d’ailleurs. Et de deux il est persuadé avoir conduit une politique de mixité sociale sur « sa » ville alors qu’au contraire, pendant 7 ans, il a tout fait pour reléguer le logement social à l’arrière-plan, donnant la priorité absolue aux logements de luxe et de standing. Et de trois il se contredit sans arrêt sur le taux de logements sociaux, avançant des chiffres sans cesse différents, dont le seul point commun est d’être toujours supérieurs au chiffre officiel de la préfecture.
Alors la question nous semble se poser : est-il bien raisonnable de confier les clés des caisses de l’UMP à un homme qui se prend ainsi les pieds dans les chiffres, y compris dans ses propres chiffres ?
LE MOT DE LA FIN
Autre exemple des petits soucis que Monsieur Dord semble avoir avec les chiffres, le montant de ses indemnités d’élus. En 2008, il déclarait à la presse locale (Hebdo des Savoie du 29 mai 2008) que celles-ci se montaient à environ 8.000 euros par mois. Sans préciser si ce montant était brut ou net. Nous nous étions alors livrés à une rapide vérification, en reprenant les chiffres disponibles sur le site de l’assemblée nationale, et sur le site de l’opposition municipale aixoise (car dans son grand souci de transparence, Monsieur Dord n’avait pas jugé utile de faire connaître à ses administrés le montant des indemnités des élus de sa majorité municipale).
Résultat : environ 13.000 euros nets (chiffre arrondi) par mois d’indemnités. 5.200 euros d’indemnité de base + indemnité de fonction + indemnité de résidence en tant que député. 2.000 euros d’indemnité en tant que maire (la part d’écrêtement étant reversée à son premier adjoint qui émarge ainsi à plus de 4.000 euros par mois). Et 5.800 euros d’indemnité représentative de frais de mandat de député2.
Décidément, Monsieur Dord est vraiment fâché avec les chiffres. Difficile pourtant de confondre 13.000 et 8.000 …
1 Rapport n°2009-27
2 On rappelle que cette dernière indemnité est censée financer les frais des députés : transports, repas, téléphone, courrier … etc. Que les députés aient des frais, certes. Mais comme n’importe qui ayant une activité professionnelle. Il n’y a donc aucune raison de ne pas compter cette indemnité (conséquente !) dans leurs revenus. D’autant moins que l’assemblée nationale prend en charge leurs déplacements en train (billets ou abonnements en 1ère classe), leurs déplacements en avion (jusqu’à 40 allers-retours par an), leurs déplacements en voiture en région parisienne (taxis ou parc de véhicules de l’assemblée). Elle prend aussi en charge leurs frais de courrier, ainsi que leurs abonnements téléphoniques et d’accès à internet.Quant au logement, Dord a déclaré qu'il logeait régulièrement à Paris chez sa belle-mère, ce qui ne doit donc pas lui coûter un radis.
Bref, vous l’aurez compris, une fois déduit tout ce que l’assemblée (enfin, les contribuables français !) prend directement en charge, on se demande bien ce qu’il reste à payer aux députés comme frais. Vraiment pas grand-chose. Sûrement pas de quoi justifier le paiement de 5.800 euros par mois. Soit peu ou prou la moitié du salaire annuel d’un smicard. Qui lui doit s’en contenter pour tout payer.