Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 07:50

Stéphane Lorenzo est un « handisportif » ambitieux. Dans le bon sens du terme. Son ambition à lui, c'est de se faire la Manche. A la nage. Et de devenir ainsi le septième handisportif à accomplir cet exploit. Le septième, mais le premier français. Pour porter haut les couleurs d'Aix les Bains, de la Savoie et de la France.

Un projet qui a un caractère sportif, mais aussi financier. Car une telle aventure ne s'improvise pas, et la logistique d'accompagnement a un coût. De l'ordre de 10.000 euros.

 

« Avis aux sponsors » écrivait récemment la presse locale.

Vous avez dit sponsors ? Il nous semble qu'Aix les Bains doit bien pouvoir faire un petit quelque chose pour cet homme qui entend porter haut les couleurs de la ville ! Un petit et même un gros quelque chose.

Une impression basée sur le fait que la ville n'en n'est pas à sa première expérience en matière de sponsoring. Tenez, quelques exemples pris au hasard.

En juin 2006, un petit promoteur immobilier local acquiert 30 hectares de terrains à bâtir à deux pas du centre ville. L'acquisition se fait au prix de 15 euros le m² : un prix validé par les Domaines cinq années plus tôt, mais qui est quand même retenu au moment de la signature de l'acte de vente, comme si entre temps les prix de l'immobilier n'avaient subi aucune inflation. Mais ce n'est pas tout, au moment de la dite signature, ne voila-t-il pas que tout le monde feint de découvrir découvre que les terrains en question sont parait-il enclavés, donc inaccessibles. Pas de souci, Sponsor d'Or sort son premier joker : des servitudes de passage sur plus de 20 hectares de terrains publics, concédés à titre perpétuel et gratuit. Quelle bonté d'âme !

Autre exemple. Un pauvre groupe international de promotion immobilière est appelé à construire un ensemble de logements, commerce et parkings. Et hop, deuxième joker de Sponsor d'Or. Et même double joker : d'une part une convention abracadabrantesque qui garantit au promoteur l'équivalent d'un placement à 11%, et d'autre part une « petite » remise de quelques centaines de milliers d'euros sur la cession du droit à construire de la ville, propriétaire des terrains. C'est vraiment charitable non ?!

Encore un ? Et bien encore une petite histoire avec un autre pauvre promoteur immobilier local, qui réalise un projet en plein cœur de ville, avec une placette qu'il doit néanmoins aménager à ses frais. Et hop, troisième joker de Sponsor d'Or. Et là encore, c'est un coup double. Car les temps sont durs ma brave dame, alors finalement c'est la ville qui va payer l'aménagement de la placette. Et en complément gratuit, c'est aussi la ville qui va payer les frais de notaire et de géomètre nécessaires au classement de la placette en question dans le domaine public communal(1).

 

Un petit dernier pour la route ? Allez, il n'y a pas de bien à se faire du mal ! De bien pauvres médecins lyonnais, propriétaires de plusieurs entreprises au demeurant nettement bénéficiaires, entendent implanter dans notre bonne ville une école privée d'esthétique. On entend par là une école privée, dispensant un enseignement dans le domaine de l'esthétique, et non une école qui serait privée d'esthétique. Encore que, vu le bâtiment où elle a élu domicile, cette formulation serait assez juste. A moins qu'il ne faille simplement ôter le « esth » tout en déplaçant le « h » (on vous laisse chercher).

 

Et hop, encore un joker de Sponsor d'Or, qui se surpasse cette fois avec un quadruple joker : et d'un, 1.000 m² de surface en plein centre ville pour une indemnité (on n'ose pas parler de loyer) annuelle de 5.000 euros (42 centimes/mois/m², quand les habitants des HLM délabrés de Franklin tournent à 2,50 euros le m²). Et de deux, une garantie à vie de ces conditions financières, sans la moindre révision du montant. Et de trois, une garantie de relogement dans un autre bâtiment, aux mêmes conditions financières, pour le cas où le propriétaire des lieux, à savoir l'Etat, envisagerait de vendre ou de récupérer le bâtiment pour d'autres usages. Et de quatre, la réalisation sans frais de grands travaux d'embellissement et d'aménagement du bâtiment, qui n'a par ailleurs quasiment aucun autre usage. Elle n'est pas belle la vie au pays des sponsors ?



Alors, vous ne pensez pas vous aussi que la ville pourrait se fendre d'un bon soutien financier à Stéphane Lorenzo ?



(1) Chance que d'autres aixois n'ont pas : dans le cadre d'une opération strictement similaire (acquisition gratuite par la ville dans le cadre d'un classement dans le domaine public communal), les riverains du chemin des Biches se sont en effet vu imposé le paiement de tous les frais afférents à l'opération frais de notaire et de géomètre compris (lire à ce sujet le récent article de nos confrères du Journal d'Aix les Bains)

 



DEFINITION DU MOT SPONSOR (Source Wikipédia)
Sponsor (au Québec on parle de commanditaire) est un anglicisme désignant une entreprise qui soutient une personne, un organisme ou une action d'intérêt général (culture, santé, social, etc.), non pas dans un but philanthropique comme pour le mécénat, mais commercial. En effet le sponsoring (ou parrainage) induit des contre-parties au sponsor, à savoir notamment la promotion des produits et services de l'entreprise, ainsi que sa notoriété et son image de marque.

On vous tiendra au courant des contreparties relatives aux exemples ci-dessus quand on aura réussi à les identifier clairement ...
Partager cet article
Repost0

commentaires