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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 07:44

A l’instar de ce qui s’est déjà fait dans d’autres communes, le conseil municipal de Grésy a adopté le 7 mai dernier un vœu pour apporter son soutien à la maternité d’Aix les Bains et à son personnel. A toutes fins utiles, on rappelle que, sauf si une solution est trouvée d’ici là, la maternité fermera ses portes le 6 septembre prochain. Date à laquelle les chirurgiens viscéraux de la clinique Herbert, qui assurent la sécurisation de la maternité, cesseront leur activité au sein de la clinique, qui abandonne la chirurgie viscérale et ophtalmologique, pour ne garder qu’une activité en orthopédie.

Adopter des vœux, c’est bien la moindre des choses que les conseils municipaux des communes concernées peuvent faire. Mais ça fait quand même un peu minimum syndical. Et ça ne fait pas beaucoup de bruit dans les médias. Avouez qu’en revanche, une démission en bloc de l’ensemble des élus aurait fait bien plus de bruit. Et on sait qu’aujourd’hui pour se faire entendre, du bruit, il faut en faire le plus possible. Seulement voila, les régionales de mars sont encore dans tous les esprits. Et notamment dans ceux de la droite locale, qui s’y est retrouvée minoritaire, même dans des bastions historiques comme Aix  centre. Alors, démissionner en bloc et donc provoquer de nouvelles élections, ce serait prendre le risque pour l’UMP locale de perdre, sans doute pas la mairie d’Aix, mais en tout cas une bonne partie de ses sièges. Aussi, entre un geste qui aurait vraiment eu un poids politique, et conserver ses fauteuils, Dord et ses colistiers ont choisi.

Mais revenons-en à Grésy. Vendredi dernier, en séance du conseil, le maire, Robert Clerc, n’a pu s’empêcher de passer un bon coup de pommade à son ami Dord. Lequel, selon Robert Clerc, se démène sans compter pour essayer de trouver une solution face à l’urgence de la situation. Le député-maire aixois saura sans doute gré à son homologue grésylien de s’être abstenu de rappeler 1° que si Dord n’avait pas misé sur une seule carte qu’il n’était de plus pas sûr de pouvoir jouer, à savoir l’avenir de la clinique Herbert, il n’y aurait sans doute pas urgence aujoud’hui, 2° que cela fait un petit moment (depuis septembre 2009, suite au recalage par le  ministère de la santé du projet de pôle santé à Drumettaz ) qu’on sait que l’activité de la clinique Herbert va être modifiée, et que Dord ne semble réagir que bien tardivement.

 

Et puis, il s’est trouvé une conseillère municipale pour faire, en substance, cette étonnante déclaration : « On paie aujourd’hui les erreurs d’il y a 15 ou 20 ans. Si la maternité ferme ses portes à la rentrée, ce sera la faute des aixois et de leur snobisme ». Pour l’élue grésylienne, il y a 15 ou 20 ans, les aixois snobaient leur hôpital public, et préféraient aller se faire soigner ou opérer à la clinique Herbert, voire plus loin. Un comportement qui, toujours d’après l’élue en question, a entrainé la fermeture de la chirurgie, faute d’un nombre de patients suffisants. Et on le sait, pas de chirurgie égal pas de maternité.

On peut en premier lieu se demander pourquoi l’élué grésylienne ne jette l’opprobre que sur les seuls aixois. Les habitants des communes environnantes auraient-ils été moins snobs que les aixois ? Pour autant que l’on sache, il devait bien se trouver aussi des drumettans, des pugnerains et même sans doute des grésyliens pour « préférer » une clinique privée à un hôpital public. Mais passons sur ce détail en forme de querelle de clocher.

Les aixois et leurs voisins auraient donc « snobé » leur hôpital public ? Qu’ils aient préféré aller dans des cliniques privés, c’est possible. Cela reste néanmoins à démontrer, chiffres à l’appui. Mais si tel est le cas, était-ce par snobisme, ou pour avoir une meilleure qualité de soins ? Dans un pays qui réduit sans cesse les moyens accordés à la santé publique, dans un pays où les cliniques privées n’ont pas les mêmes obligations de service que les structures publiques et peuvent trier leurs patients et ne retenir que les actes les plus rentables, dans un pays où la santé est une marchandise comme une autre, source de spéculation et de profits, faut-il s’étonner que le secteur privé puisse arriver à être meilleur que le public, et ait donc plus les « faveurs » des patients ? Il nous semble que non ? C’est un des miracles du capitalisme et du libéralisme. Ces systèmes si parfaits qui permettent à une infime minorité de s’enrichir bien au-delà de ses besoins en spéculant sur l’eau, l’alimentation ou encore la santé de la majorité. Que ceux qui avaient les moyens de choisir se soient tournés vers le privé n’a sûrement pas grand-chose à voir avec du snobisme. Et ce ne sont sûrement pas eux les responsables de ce « choix ».

Enfin, on peut se demander si cette intervention était la bienvenue au moment de voter une motion de soutien au maintien de la maternité. D’autant qu’aucun autre élu, pas même le maire, n’a jugé bon de réagir à ces propos.

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commentaires

F
<br /> <br /> Excellent article ! Merci. La santé n'est pas une marchandise.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> On se permet de rectifier vos propos. La santé NE DEVRAIT PAS être une marchandise. Mais en pratique, par la grâce du capitalisme libéral, elle<br /> EST une marchandise. Au même titre que l'eau, le logement ou encore la nourriture.<br /> <br /> <br /> <br />