Voici une bien aimable fable dans laquelle, bien que Monsieur de La Fontaine n’en soit point l’auteur, il est pourtant question d’eau.
A son arrivée en ville
Notre politicien habile
Trouva un réseau d’eau qui ma foi
Etait selon lui en fort mauvais état
Etait-ce le poids des ans ?
Il fuyait de quarante pourcents
On parle bien sûr du réseau
Et non de notre héros
Las, on allait voir ce qu’on allait voir
En ses belles promesses il fallait croire
C’était dit, juré, craché
Avant dix ans les fuites auraient diminué de moitié
Mais quand sept ans plus tard notre politicien clame qu’elles ont baissé d’un tiers
En vérité elles sont les mêmes que naguère
Ni dix, ni vingt, ni trente ni cent
Mais bien toujours quarante pourcents
Qu’à cela ne tienne
Notre politicien nous ressert sa rengaine
C’est redit, rejuré, recraché
Avant 2014, les fuites diminueront de moitié
On voudrait bien le croire
Mais on demande quand même à voir
Car en fin d’année dernière
Point d’amélioration, mais des fuites plus que naguère
Sur ce vient notre technicien
Pour déclarer fort à point
Que pour l’instant de réduire les fuites il n’est point question
Qu’il s’agit juste d’éviter, une nouvelle dégradation
Et qu’avant que nos fuites tombent à vingt de quarante
On ne sera pas en 2014, mais bien en 2030
Moralité : tant va la cruche à l’eau qu’à la fin on espère bien qu’elle se casse !
Traduction en clair, mais sans le décodeur Canal+
A son arrivée à la mairie d’Aix les Bains en 2001, Dominique Dord a trouvé un réseau d’eau dont le taux de fuites était de 40%. En juin 2007, il annonçait « les fuites auront déjà diminué d’un tiers à la fin de l’année ». Les rapports officiels de la SAUR contredisent ouvertement le député-maire. Fin 2007, le taux de fuite était de 41%. Il est passé à 45% fin 2008. Pour parler de cette dégradation, car c’en est bien une, la SAUR a i'ailleurs inventé une formule surréaliste, parlant non pas de dégradation mais de « non amélioration » ! Et fin 2009, toujours pas de progrès, le taux de fuite étant passé à 46%.
Quant au technicien, il s’agit de Philippe Michal, hydrogéologue de formation, directeur général adjoint des services techniques de la ville. Allez savoir pourquoi, mais quand il dit que les travaux engagés permettront d’atteindre un taux de performance « normal » de 80% (donc 20% de fuites) en 2030, on a plus tendance à le croire que quand Dominique Dord promet la même chose, mais pour 2014. Surtout que ce dernier nous a déjà fait le coup d’annoncer des améliorations qui n’existaient que dans son imagination.
Ce qu’on n’arrive pas à comprendre, c’est à quoi riment ces perpétuels effets d’annonce que Dord pratique comme un sport national. Et pas que dans le domaine des fuites d’eau. On sait bien qu’un politicien a besoin de se faire réélire, mais tout de même, ça n’a aucun sens toutes ces fausses annonces sans cesse démenties par la réalité des chiffres.
Trois documents de Dord
1. Bilan municipal juin 2007 (ci-contre à gauche))
Distribué à l'occasion des élections ... législatives. Cherchez l'erreur. Dord promet que les fuites auront diminué d'un tiers avant la fin de l'année. Donc seront passées de 40% à 27%. En réalité, le taux de fuite fin 2007 était de 41% !
2. Programme de campagne 2008 : le bilan
Des fuites d'eau soit disant réduites de 12% en 3 ans. La réalité ? Un taux de fuite passé de 40% en 2001 à ... 41% fin 2007. Sauf à revolutionner totalement les lois mathématiques, voila qui ne fait pas une réduction de 12%, mais une augmentation de 2,5%
3. Programme de campagne 2008 : les promesses
40% de fuites en 2001, 20% de fuites en 2014. Pour Philippe Michal, le programme de travaux engagé par la ville devrait permettre d'atteindre ce niveau de performances, mais seulement en 2030 !