(in)sécurité : la valeur (de couleuvres) n’attend pas le nombre des (dix) années

Aix les Bains se dirige vers un renforcement de la sécurité en ville. Du moins à en croire le discours de la municipalité. Repris en écho par la presse locale. Un discours de circonstance. Il faut dire qu’après les problèmes liés à la circulation et à ses nuisances, l’insécurité a été le premier thème de préoccupation du public lors des réunions de quartiers qui viennent de s’achever. Mais fort heureusement, l’équipe Dord veille au grain. Et affirme même ne pas avoir attendu les récriminations de la population pour agir. Un petit coup d’œil dans le rétroviseur s’impose.

Pour rappeler en premier lieu que 2011 n’est pas la première année où l’insécurité est une des préoccupations majeures exprimées par les aixois pendant les réunions de quartiers (entre autres). C’était déjà la même chose en 2010. On se souvient de cette habitante de la rue de Lafin interpelant longuement le maire et le commissaire. Allant jusqu’à leur lancer à la face que les habitants étaient en train de s’armer. En 2009, en 2008, en 2007 … etc, c’était déjà la même chanson. Alors entendre Dord et Beretti dire aujourd’hui qu’ils n’ont pas attendu pour agir, ça fait quand même doucement rigoler.

En 2009, le commissaire Matthieu Noël veillait sur notre sécurité, et tout allait, parait-il, pour le mieux

Et ce doux rire tourne à la franche poilade si on regarde un peu plus en arrière. Par exemple dans le journal municipal d’octobre 2009. En page 20, on y trouvait une interview du nouveau commissaire de l’époque, Matthieu Noël (extrait ci-dessus). On y apprenait (?) que « La situation [de l’insécurité, NDLR] s’est fortement améliorée ces dernières années ». Ou encore que «  entre 2006 et 2008, le nombre de faits constatés a reculé de 25 % ».  Matthieu Noël ajoutait même que « toutes les formes de délinquance ont baissé, notamment celle de voie publique avec une chute de 28 % ». Et le commissaire de conclure sur cette prédiction optimiste « cette année, nous sommes partis pour une stabilisation voire une légère baisse ». En clair, il y a deux ans, tous les indicateurs de la sécurité étaient au beau fixe. Et la situation allait encore s’améliorer. Mais que s’est-il donc passé en si peu de temps pour qu’il soit nécessaire d’en arriver aujourd’hui à la nécessité d’un renforcement de la sécurité ? A moins qu’en réalité cette soit disant nécessité ne soit là aujourd’hui que pour faire passer la pilule de la mise en place de la vidéosurveillance. Une pilule à au moins 1 M€ d’investissements. Sans parler des coûts annuels de fonctionnement. Pour une efficacité qui reste à prouver. Et pour une « protection » qui ne concernera que quelques rues.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Et remontons encore plus loin en arrière. Précisément en 2001. Pendant la campagne électorale de Dord, avant sa première élection à la mairie. Ah qu’elles étaient belles les promesses de 2001 (lire ci-contre). Des ilotiers dans les quartiers, une police nationale dotée de moyens supplémentaires, une brigade de médiateurs de nuit … etc. Mais où sont donc les ilotiers dans les quartiers ? Et les moyens supplémentaires pour la police nationale ? Et les médiateurs de nuit ? Envolés. Oubliés. Comme le disait un ancien président de la république, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.

Alors franchement, vous êtes encore prêts à avaler les couleuvres municipales de la sécurité ? Pour ce faire, quand d’années en années les aixois expriment les mêmes préoccupations, et quand d’années en années l’équipe dirigeante renouvelle les mêmes promesses et les mêmes discours, il faut un sacré appétit !

LE MOT DE LA FIN

A la décharge des forces de l’ordre, il faut bien reconnaitre qu’elles sont déjà fort mobilisées par ailleurs. Et ne peuvent donc pas donner leur pleine mesure à lutter contre la délinquance de rue qui frappent les citoyens jusqu’au cœur de la ville. Eh oui, cela fait des années que, main dans la main, police et justice tentent de coincer une bande de hors-la-loi, pardon une bande d’à-côté-de-la-loi qui, au nez et à la barbe de tout le monde, nargue les autorités depuis son QG du centre ville. Il se murmure même que le chef de cette bande se vanterait de disposer d’appuis aux plus hauts niveaux de l’Etat. Autant dire que les forces de l’ordre aixoises ont maille à partir avec des adversaires sacrément coriaces. Alors on comprend qu’à côté, elles doivent parfois un peu lâcher la bride.