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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 07:50

http://img.over-blog.com/401x499/2/21/27/07/2009-02/PlanProjetTramway.jpgL’association RATC n’en démord pas. Pour ses adhérents, la création d’une ou plusieurs lignes de tramway entre Aix les Bains, Technolac et Chambéry, et le retour d’un train à crémaillère pour desservir le plateau du Revard sont les solutions de demain. Les solutions de demain à commencer à mettre en œuvre dès à présent.

Pour les élus locaux, et notamment ceux de la CALB, ce bel enthousiasme se heurte à la dure réalité économique. Le verdict de l’étude sur la réimplantation d’une crémaillère est pour eux sans appel : trop cher (15 millions d’euros du kilomètres, soit plus de 300 millions d’euros au total). Donc hors de portée du budget des collectivités, et impossible à rentabiliser pour des investisseurs privés.

C’est vrai que le projet d’un train à crémaillère pour à nouveau desservir le Revard est séduisant. Mais vu son coût, il est aussi vrai qu’il ne semble guère réaliste. Avec un point mort (équilibre des comptes) qui se positionne à plus d’un million de passagers par an, quand le train à crémaillère de la mer de glace (Chamonix) plafonne à 300.000 passagers par an, malgré une attractivité touristique bien plus importante. Et quid de l’impact environnemental d’une augmentation massive du flux de touristes ? Certes, cette augmentation ne se traduirait pas une augmentation équivalente du flux de véhicules partant à l’assaut du Revard. Mais faire venir plusieurs centaines de milliers de personnes sur un espace naturel de dimensions somme toute réduites ne peut pas être sans conséquences.


Pour ce qui est du tramway, il y a bataille de chiffres. Les tramways actuels ont un coût de l’ordre de 20 millions d’euros du kilomètre. L’addition grimpe donc très vite. Surtout si on prend en compte la version étendue du projet, qui irait d’Albens à Montmélian. L’association RATC affirme que ce montant peut être divisé par deux, grâce à l’emploi de matériels plus légers, nécessitant des voies moins larges, avec une seule cabine de pilotage et des portes d’un seul côté. Pourquoi pas … mais même à 10 millions d’euros du kilomètre, le budget global avoisinerait les 500 millions d’euros.

Un chiffre impressionnant qui faire dire à Dominique Dord (président de la CALB) et à François Gruffaz (président de la commission déplacements de la CALB) que le tramway n’est pas à notre portée.

Les deux élus avancent le chiffre de 50.000 usagers quotidien pour arriver à rentabiliser un ligne de tramway entre Aix, Technolac et Chambéry. Un chiffre estimé sur la base d’un coût au kilomètre de 20 millions d’euros. Avec les 10 millions avancés par RATC, le point mort tombe alors à 25.000 usagers par jour. Est-ce irréaliste ? D’après François Gruffaz, le flux quotidien entre Aix et Chambéry, en totalisant la route, l’autoroute, le train et le vélo est de 53.000 personnes.

Est-il impensable que moins de la moitié de ces 53.000 personnes choisissent de se tourner vers le tramway s’il en existait un ? Nous n’avons pas la réponse. Mais il est vrai que dans les villes où il a été réinstallé, ce mode de transport connait un franc succès.

Il faudrait par ailleurs tenir compte de la croissance démographique. La Savoie connait chaque année un flux migratoire positif. Le bassin Aix/Chambéry n’échappe pas à la règle, avec une croissance annuelle de l’ordre de 2%. On peut donc imaginer que les 53.000 personnes qui transitent aujourd’hui quotidiennement entre les deux agglomérations seront également 2% de plus l’année prochaine, et ainsi de suite. 2% par an, ça n’a pas l’air de grand-chose, mais à cela représente plus de 1.000 personnes en plus chaque année. Et 10.000 personnes en plus à l’horizon 2019.

Alors, peut-être le projet de tramway de l’association RATC est-il encore irréaliste aujourd’hui. Cela reste cependant à établir. Mais surtout, il n’est pas impossible qu’il devienne totalement pertinent à court ou moyen terme. Pertinent et … indispensable pour répondre aux besoins de transport des habitants. Il y aura alors un gros hic : faute d’avoir su (et surtout voulu) anticiper, la CALB et Chambéry Métropole se retrouveront à devoir trouver des solutions dans l’urgence. Or, urgence et aménagement du territoire n’ont jamais fait bon ménage. Quant à la mise en œuvre d’un projet de tramway de cette ampleur, vous vous doutez bien qu’elle ne se fait pas en deux coups de cuillère à pot !


Voila. Mais il est plus que temps d’expliciter le titre de cet article : Liaison Aix/Chambéry : la CALB a la « solution ». Il se veut un brin moqueur (on ne se refait pas). A la question posée par une journaliste de la presse locale1 « Vers quelles solutions l’étude semble-t-elle s’orienter ? », François Gruffaz répond (sans rire) « Il faudrait plutôt améliorer nos réseaux existants, en jouant d’avantage sur l’interpénétration, la cohérence et l’harmonisation ». En voila une belle réponse. Un rien hermétique tout de même.

Précisons d’emblée que l’interpénétration ne consiste pas à faire entrer en collision sur un passage à niveau un bus bondé et un train rempli de voyageurs. La précision s’imposait car il est vrai que dans ce cas de figure, il y a bien interpénétration : du train à l’intérieur du bus d’une part, et des voyageurs du bus à l’intérieur du train2 d’autre part.

En quoi consiste alors l’interpénétration ? On ne voit pas trop. Pour la cohérence et l’harmonisation en revanche on a une petite idée. La cohérence et l’harmonisation consisterait par exemple, lorsqu’un bus ONDEA prend le relais d’un bus STAC (et inversement), à ne pas faire partir le bus ONDEA deux minutes avant l’arrivée du bus STAC. La question qui se pose, c’est y a-t-il besoin d’une étude à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour pointer du doigt ce genre d’ineptie ?



Pour terminer, citons Alain Caraco, vice-président de l’association pour le développement des transports en commun en Savoie. Pour lui, le meilleur mode de transport pour relier le centre d’Aix à celui de Chambéry, c’est le train (11 minutes de trajet), à condition d’améliorer la fréquence.

11 minutes de gare à gare, c’est effectivement imbattable. Seul hic (mais de taille), les aixois et les chambériens qui habitent et travaillent à proximité immédiate des deux gares ne constituent qu’une très infime minorité. Alors quelle solution pour l’immense majorité des autres ?




1 Lire l’Essor Savoyard du 5 mars 2010 en page 3
2 Et ce sans titre de transport valable, ce qui risque de leur valoir une garde à vue !
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commentaires

F
<br /> Excellent article qui pose quelques bonnes questions et est particulièrement clair. Espérons que le débat s'ouvre sur ces questions.<br /> <br /> <br />
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