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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 07:45

Quelques jours après la 9ème édition du festival rock aixois, il nous a semblé opportun de poser la question : quel avenir pour Musilac ? L’interrogation ne portant pas sur la tenue d’une prochaine édition en 2011, ni dans les années à venir, mais plutôt sur la façon de gérer ce festival.

Musilac est aujourd’hui incontestablement installé dans le paysage estival d’Aix les Bains. Cela ne signifie pas pour autant qu’il fasse l’unanimité. Loin s’en faut. Les nuisances sonores et le bouclage des bords du lac font grincer des dents bon nombre d’aixois, riverains du secteur ou pas. Légitimement nous semble-t-il. Mais ce qui heurte sans doute encore plus, c’est l’opacité qui entoure les aspects financiers du festival. Car si ce dernier est organisé par une société privée, l’argent public n’en n’est pas pour autant étranger.

Sous forme de subventions d’abord. Principalement versées par la ville d’Aix les Bains au travers de son office du tourisme. Sous forme de services ensuite. Là encore la ville d’Aix les Bains est au premier rang : sécurité, eau, électricité, communication, mise à disposition de terrains … etc. Au final, bien malin qui pourrait dire ce que le festival coûte à la ville, et ce qu’il lui rapporte, que ce soit en contribution directe de la part des organisateurs ou en retombées économiques et touristiques, pour lesquelles aucun outil sérieux de mesure n’est en place.

Face à une telle nébuleuse, et eu égard au succès rencontré par cet évènement, qui brasse des euros par millions, une véritable transparence financière apparaît plus que jamais nécessaire. Ceci afin de s’assurer, notamment, que chaque euro d’argent public dépensé l’est de façon utile et légitime, selon le souhait même de notre président de la république. Or une telle transparence ne peut s’obtenir au travers d’une organisation privée, dont les comptes sont par nature eux aussi privés, et ne peuvent donc faire l’objet d’aucune forme de contrôle de la part de la collectivité. Bon nombre de festivals estivaux, et non des moindres, sont gérés au travers de structures publiques. C’est par exemple le cas de celui des Vieilles Charrues en Bretagne, qui, depuis 19 ans, est géré et organisé par une association. Ce qui ne l’empêche pas d’accueillir par loin de 200.000 spectateurs chaque année (4 fois plus que Musilac).

Dans un autre registre musical, le festival Jazz à Vienne (100.000 spectateurs) a lui aussi été géré en association pendant 30 ans. En 2011, sa gestion sera assurée au travers d’un EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial). Si cette forme de structure est plus proche de la société de droit privé que de l’association, elle n’en demeure pas moins une structure publique1, sur laquelle les élus et les citoyens peuvent exercer un droit de contrôle et de regard. Enfin, en théorie, car avec son office du tourisme, qui est un EPIC, Aix les Bains démontre qu’il est aussi possible de faire dans l’opacité la plus totale s’agissant de la gestion et des comptes d’une telle structure. Laquelle intervient directement, et à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros chaque année, dans le financement du Musilac. Sans que l’on parvienne à savoir à combien se monte précisément le montant de cette participation. Si le chiffre de 300 à 400.000 euros annuels est souvent évoqué, Thubaut Guigue, élu aixois d’opposition, a récemment indiqué avoir en sa possession des documents comptables faisant état de 800.000 euros de dépenses annuelles de l’OT pour Musilac. Quand on vous dit qu’on nage en pleine opacité !

Pour autant, ce n’est pas la structure EPIC qui est en cause, mais bien l’usage peu conforme à l’esprit (et aussi à la loi) qui en est fait.


Quoi qu’il en soit, la question se pose : les aixois peuvent-ils continuer à laisser une ou des sociétés privées gérer Musilac en bénéficiant de financements et de services publics sur lesquels les citoyens n’ont pas droit de regard ? La réponse semble évidente. Et elle est négative. Ce n’est pas une question de suspicion maladive. C’est une simple question de bon sens. Surtout en ces temps de crise ou les services publics doivent se serrer la ceinture et rendre compte du moindre euro dépensé. Il est impensable que l’on laisse ainsi plusieurs de centaines de milliers d’euros (et peut-être plus) dans la nature, échappant à tout contrôle.

C’est impensable, mais c’est pourtant ce qui risque fort d’être à nouveau le cas en 2011, en 2012 … etc. Car visiblement, la majorité municipale n’y trouve rien à redire. Pour ses élus, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il est vrai que ces mêmes élus ne trouvaient rien à redire au fait de faire payer par la ville chaque place de parking du boulevard Wilson plus de 170.000 euros (projet de 2008). Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Ce qui nous donne une idée : et si on demandait à ces élus de verser 10% de leurs revenus à une structure qui serait en charge de l’organisation d’un évènement quelconque, et sur laquelle il n’aurait aucun droit de regard. Ils refuseraient bien évidemment. Ce qui ramène à cette sempiternelle question : pourquoi des élus acceptent-ils de faire avec l’argent public ce qu’ils n’envisageraient même pas une seule seconde avec leur propre argent ? Question qui n’a, hélas, rien de spécifique à Aix les Bains, mais qui résonne peut-être plus fort qu’ailleurs dans la cité bientôt ex-thermale du 21ème siècle.

 

 


1 Un EPIC se définit comme une personne publique ayant pour but la gestion d'une activité de service public. Une personne publique étant ici non pas une quelconque vedette du show business, mais une personne morale de droit public.
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commentaires

S
<br /> <br /> http://www.terra-economica.info/Les-10-commandements-de-l-eco,11685.html<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Tout à fait d'accord sur votre analyse du financement de Musilac et avec les remarques de Vincent qui rejoignent une partie de ce que je voulais dire...<br /> <br /> Voici quelques suggestions, pistes de réflexion pouvant susciter aussi le débat et j'invite tous ceux qui lisent à participer et réagir... Celles-ci partant bien sûr de l'hypothèse qu'on est<br /> plutôt pour le maintien de Musilac mais avec des aménagements...<br /> <br /> - Pour l'aspect financier et subventions et sur la structure que devrait avoir Musilac (association, EPIC...), votre article pose les bonnes questions...<br /> <br /> Et bien sûr comme vous tous j'aimerais savoir exactement ce qu'il en coûte exactement à la ville (ou office du tourisme) d'autant plus que la SARL Musilac avait aurait trouvé un nouveau<br /> partenaire en 2009 Live Nation : info à confirmer mais lu dans la vie nouvelle en 2009 (Live Nation est la première entreprise mondiale de spectacles sur scène, le plus important producteur de<br /> concerts dans le monde et la deuxième entreprise de gestion de salles...) aurait pris 25% de la société organisatrice de l'événement. Avez-vous des infos à ce sujet ?<br /> <br /> A noter aussi que le festival fait appel à un bon nombre de bénévoles (combien ?) sans qui le festival ne pourrait pas avoir lieu...<br /> <br /> - Côté tarifaire social, accès pour tous<br /> Par exemple, prévoir un tarif d'achat préférentiel à la billetterie à Aix en fonction du quotient familial (note : cela avantagerait familles aixoises modestes mais pas familles modestes<br /> éloignées...)<br /> Réflexion à mener...<br /> <br /> - Toujours plus de monde, gigantisme...<br /> Pour pratiquer depuis le début le festival, je trouve que c'est devenu trop grand et je n'apprécie pas forcément cette foule immense...<br /> Il serait intéressant de savoir à partir de combien de personnes cette grosse machine peut être rentable (pour l'instant impossible de savoir vu que renfort de subventions...) car perso je<br /> préfèrerai avoir un peu moins de groupes comme quelques années en arrière et peut-être 10 000 à 15 000 personnes soit 2 fois moins qu'actuellement (25 000) mais au moins peut-être sûr de<br /> remplir... après cela pourrait peut-être aussi dire têtes d'affiches moins connues car trop chères ??? enfin bref, je m'interroge...<br /> Du coup, on arrive à dépasser la capacité des campings prévus... et les gens sont obligés de s'éloigner (Aigueblette ou ailleurs...)<br /> <br /> Et puis je ne sais pas à quel horizon mais je tiens quand même à attirer votre attention qu'avec le renchérissement du coût de l'énergie (pétrole donc transport pour le matériel et pour les<br /> spectateurs voulant venir...) à mon avis d'ici 10 ans, le coût de telles manifestations sera tellement exorbitant qu'il ne sera à mon avis plus possible à faire à moins de payer très cher...<br /> alors ce sera différent on reviendra peut-être à quelque chose à taille humaine et plus modeste avec des groupes plus locaux et une ambiance différente...<br /> <br /> - Bruit<br /> Ce sujet a aussi souvent été abordé dans vos articles et c'est celui qui fait le plus parlé... Un tel évènement génèrera forcément toujours du bruit mais ne serait-il pas possible d'imaginer une<br /> programmation avec moins de groupes ou alors autant de groupe mais décalée de 13h à minuit par exemple... et de jouer bien moins fort... comme l'a dit Vincent dans son commentaire...<br /> A noter que malgré le déluge de décibels, la qualité de la sonorisation cette année était là alors que l'année dernière par exemple sur Keziah Jones pas bon et sur Prodigy beaucoup beaucoup trop<br /> fort (saturation, mal à la tête...)...<br /> J'ai été à un concert de Mark Knopfler cette semaine à Lyon (Nuits de Fourvières) et quel bonheur d'avoir une qualité d'écoute et de ne pas avoir besoin de boule quiès même dans la fosse... idem<br /> à Jazz à Vienne... il faut dire aussi que ces lieux ont une acoustique faite pour... certains diront que ce n'est pas la même musique mais j'ai vu aussi des concerts à Vienne de rock très bon et<br /> ceux qui jouent trop fort se plantent car en ne sachant pas toujours s'adapter à l'acoustique du lieu, les techniciens peuvent gâcher en partie le concert... ceci est un avis personnel et<br /> certains diront que si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux...<br /> <br /> - Commerçants, ecofestival...<br /> <br /> Par rapport au fait de faire travailler un peu les commerces locaux, c'est sûr que quelques-uns doivent travailler plus que d'habitude mais je pense que ce qui serait intéressant d'une part<br /> d'avoir sur le site un peu plus de commerçants locaux  à l'intérieur de l'enceinte pour les stands d'alimentation, boissons (fournis par des paysans locaux cf. écofestival rencontres brel même si ce n'est pas la même taille de festival la<br /> démarche est à mon avis celle à suivre : alimentation et bière locale, consignes...)... et d'autres commerçants et artisans locaux (vêtements, instruments de musique...) etc...<br /> <br /> Sur le site, bonne idée ludique de troquer bouteilles contre cadeaux, cependant à mon avis au lieu d'avoir séparément poubelle classique et poubelle jaune plus loin, les mettre par 2 avec une<br /> blanche et une jaune ensemble afin que certains se posent la question du tri car sinon ils jettent dans la 1ère venue, cela n'empêchera pas que certains ne se poseront toujours pas la question<br /> (note positive : un nombre important de poubelles quand même et des bénévoles pour expliquer le tri + récolte des bouchons au profit de l'association des bouchons d'amour)<br /> Tri en progrès mais on peut faire mieux, meilleure indication encore à améliorer, ajout de composteurs, toilettes sèches, utilisation de verres en plastique ou vaisselle consignée...<br /> <br /> Par exemple : utiliser des gobelets réutilisables consignés comme par exemple le propose cette société http://www.ecocup.fr/, cela se fait sur de nombreuses manifestations même certaines très grosses organisées par le Conseil Général. voire même d'autres accessoires existent et<br /> peuvent être consignés de la même manière au avec une réflexion qui limite le nombre de déchets (ou de nombre de gadgets ou papiers distribués) alors que pour l'instant on essaye de juste gérer<br /> les déchets produits sur le site et c'est un 1er pas mais insuffisant...<br /> <br /> A noter que par rapport au début et aux 1ères éditions, circulation pour venir bien meilleure, mise en place des navettes, covoiturage... des choses ont été faites et améliorées et il faut<br /> continuer...<br /> <br /> - Accès riverains, habitants autour du site, accès au site pour pass 3 jours<br /> C'est là où j'ai le moins de choses à dire et je renvoie donc à vos articles sur le sujet.<br /> <br /> Une proposition :<br /> Je ne sais pas si c'est le cas pour ceux qui sont en camping, mais il me semblerait judicieux d'avoir plus de souplesse et pouvoir pour les pass 3 jours aller et venir sur le site comme on veut<br /> avec un bracelet par exemple et ne pas être enfermé sur le site une fois rentré... cela permettrait à ceux qui le veulent d'aller et venir et de pouvoir aller voir un concert puis profiter du<br /> lac, du centre ville et pourquoi pas retourner finir par un concert ou se changer quand il pleut par exemple... car 1Oh de concert c'est long qd même...<br /> <br /> <br /> En conclusion, pour avoir discuté avec plusieurs personnes, je peux me tromper mais j'ai l'impression que les avis sont partagés en particulier à cause du bruit mais que sinon ils sont plutôt<br /> pour dans le sens que cela a changé l'image qu'on pouvait se faire d'Aix... Les organisateurs ont amélioré des choses et il faut le reconnaître aussi bien sur le site que pour y accéder mais<br /> encore tellement à faire... et je pense que je vais écrire un courrier aux organisateurs en proposant quelques arguments que je viens de vous exposer après ils en feront ce qu'ils en<br /> voudront.<br /> Je précise que comme Vincent, j'habite Aix-les-bains et j'apprécie d'aller presque chaque année et d'avoir de la musique et ce festival à domicile mais cependant je comprends aussi que sous sa<br /> forme actuelle cela dérange certains habitants qui subissent plutôt que d'apprécier (bruit, accès autour du site...) et c'est pour cela que je pense qu'il faut essayer de l'améliorer afin qu'un<br /> maximum de personnes voient un intérêt à cet évènement et soit plus acceptable pour tous et accepté par une majorité.<br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Le recours à une association ou à un EPIC permettrait en plus d'empêcher les grandes multinationales du spectacle de faire main basse sur Musilac. Chose qu'il faut éviter à tout prix si on veut<br /> conserver une programmation mixant intelligement artistes vedettes et artistes moins connus, voire en lancement.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En marge, l'avenir de Musilac passe sans doute par une meilleures intégration à la ville. C'est à dire moins de spectateurs (cette année c'était trop), moins de bruit (cette année c'était encore<br /> trop). Avec pourquoi pas des concerts qui démarrent plus tôt (13 heures) pour finir plus tôt (minuit) et donc moins gêner les habitants.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je précise que j'habite Aix les Bains, que j'étais à Musilac pour les concerts du vendredi, et que je trouve les nuisances sonores insupportables du festival. Ce n'est pas contradictoire : ce<br /> n'est pas parce qu'on fait du rock qu'on est obligé de faire du bruit (surtout trop de bruit), et ce n'est pas parce qu'on va assister à un concert qu'on apprécie d'en prendre "plein" les<br /> oreilles !<br /> <br /> <br /> <br />
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