Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 07:45

Depuis que le conseil municipal a adopté le 18 octobre dernier une délibération sur les modalités de renouvellement de la délégation de service public pour l’exploitation des jeux de hasard et d’argent sur Aix les Bains, Paul Burnet, PDG de la société du Grand Cercle, ne décolère pas.


« Je ne suis pas sûr que les élus, qu’ils soient de droite ou de gauche, aient bien saisi la réalité de la situation » a-t-il notamment déclaré. Un bon résumé de sa façon de voir les choses. Pour lui, les conditions financières imposées par cette DSP sont inacceptables. Qu’il s’agisse du reversement de 15% des produits des jeux à la ville, ou de la participation demandée au titre de l’animation (600.000 euros pour le Casino Grand Cercle et 60.000 euros pour le Poker Bowl). Pour Paul Burnet, tout cela contribue à fragiliser sa société, et à la placer en situation difficile face à ses concurrents régionaux. Le PDG déplore également que dès qu’on parle de casino à Aix les Bains, il soit aussitôt question d’argent. Alors c’est promis, le jour où les joueurs parieront des haricots secs dans ses établissements, on parlera agriculture et recettes de cuisine ! Mais tant que ce sont des espèces sonnantes et trébuchantes que les joueurs viennent perdre dans ses casinos, on continuera effectivement à parler d’argent !

A commencer par les 2 millions d’euros que la société du Grand Cercle était censée investir dans des travaux de rénovation du théâtre entre 2001 et 2011 (période de la précédente DSP). Des investissements qui n’ont toujours pas été réalisés. Mieux (si on peut dire), la société a réussi à faire payer les travaux de rénovation du proscenium du théâtre par la ville (on veut dire par les contribuables aixois). Ceci bien évidemment avec l’aval et même l’appui du maire, qui entend aujourd’hui « remettre les compteurs à zéro ». Autrement dit dispenser le délégataire de son obligation, et faire comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Un joli cadeau de 2 millions d’euros, ça ne se refuse pas ! Mais ça s’accepte dans la discrétion. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Paul Burnet observe une discrétion absolue à ce propos. S’il est fort en gueule pour dénoncer les conditions financières que la ville veut imposer au(x) futur(s) délégataire(s) (au pluriel car il pourrait il y en avoir un pour le centre ville et un autre pour les bords du lac), il demeure totalement silencieux à propos de ces 2 millions. Et des 200.000 euros des travaux du proscenium. Quant à remettre les compteurs à zéro, ça ne va pas être difficile : ils n’en n’ont jamais décollés !

Désolés pour Monsieur Burnet, mais on va encore parler d’argent. En l’espèce des résultats du casino Grand Cercle. Alors certes son bénéfice de 2009 est en recul par rapport aux années antérieures. Mais pour une année qualifiée par Dord « d’année de crise majeure sans précédent », ça reste tout de même acceptable : 1.250.000 euros de bénéfice. Et si l’on raisonne en cumulé sur les 6 dernières années (2004 à 2009, dont les comptes sont disponibles sur internet), c’est au total plus de 10 millions d’euros de bénéfices que le Grand Cercle a engrangés. Les années 2001 à 2003 ayant été à peu près du même tonneau, on voit par là que la société du Grand Cercle était à même de financer son nouveau casino Poker Bowl juste avec ses bénéfices d’une décennie (et même un peu moins). Franchement, on connaît pas mal de sociétés qui se contenteraient volontiers de ce bilan. On rappelle qu’on parle ici de bénéfices nets. C'est-à-dire après les prélèvements de l’état et de la ville. En quelque sorte, l’argent de poche des actionnaires.
CasinoBenef.jpg
Toujours à propos d’argent (vraiment toutes nos excuses Monsieur Burnet), quelques petits détails, pas si petits que ça d’ailleurs. En 2009, année de crise majeure sans précédent (toujours Dord dixit), le chiffre d’affaire du casino Grand Cercle s’est élevé à 13.370.000 euros. Soit un peu plus qu’en 2008 (13.360.000 euros). L’effectif moyen du personnel a été réduit de 138 à 129. Qu’est-ce qui explique donc que, à chiffre d’affaires quasi constant, et à effectif moindre, le bénéfice ait chuté de 1.890.000 euros en 2008 à 1.250.000 euros en 2009 ? Nous n’avons pas encore la réponse à cette question. Mais à l’évidence, la crise n’y est pour rien. Si elle était la responsable, on verrait en premier lieu une baisse du chiffre d’affaires, ce qui n’est pas le cas du tout.


Bon, pour terminer sur ce thème du casino et de l’argent (promis Monsieur Burnet, on n’en parlera plus … jusqu’au prochain article). Le PDG des casinos aixois estime donc que les élus, qu’ils soient de droite ou de gauche, n’auraient pas bien saisi la réalité de la situation. Et que leur décision ferait planer une grave menace sur ses sociétés. D’où notre interrogation en titre de cet article pour savoir qui de l’œuf, de la poule ou du casino était là en premier.

Car si Monsieur Burnet et ses associés ne pouvaient pas connaître à l’avance et avec certitude les conditions de renouvellement de la DSP en 2011, ils pouvaient en avoir une petite idée. Et même une bonne idée. Ne serait-ce qu’à cause des liens étroits (le mot est faible) existants entre la ville et le casino. On rappelle que, en toute illégalité d’ailleurs, la ville est actionnaire de la société du Cercle. Et que le député-maire entretient des relations privilégiées avec cette société, organisant la plupart de ses raouts dans ses salons. Ce n’est pas comme si Dord et Burnet étaient comme chien et chat, et ne se parlaient pas. C’est même tout le contraire. Qui plus est le maire, de fait, se trouve être à la fois juge et partie, en étant à la fois le délégant (en tant que maire) et le délégataire (en tant que représentant de la ville actionnaire). Bref, le casino avait sûrement les moyens de savoir à l’avance à quelle sauce il risquait d’être « mangé ». Et même si ce n’est pas le cas, il était de la responsabilité des dirigeants d’analyser correctement la situation avant de se lancer dans un investissement lourd comme celui du Poker Bowl. Et là, personne ne nous fera croire que les dirigeants en question ne s’étaient pas aperçus de l’importance prépondérante prise par les produits des jeux dans le budget de fonctionnement de la ville. Ou alors c’est à douter de leurs compétences.

En clair, pour nous, la décision d’investir dans le Poker Bowl, même si elle a été prise bien avant le vote du 18 octobre 2010 au conseil municipal, l’a été en pleine connaissance de cause. Autrement dit en sachant par avance que les exploitants des jeux devraient continuer à reverser 15% de leurs produits à la ville. En fin de compte, dans cette histoire, c’est bien le casino qui était là avant la poule et avant l’œuf. Et s’il connaît des difficultés après 2011, il n’a qu’en s’en prendre qu’à lui-même, au lieu d’accuser les autres de ne pas saisir la réalité de la situation !


A moins que tout ceci ne soit qu’un gigantesque coup fourré destiné à ne faire perdre la face à personne. Un coup fourré dont le premier épisode est la « remise à zéro des compteurs » de la DSP précédente. Autrement dit le renoncement par la ville aux 2 millions d’euros de travaux dans le théâtre qui devaient être financés par la SA du Cercle. On vous laisse deviner quel pourrait être le deuxième épisode …

Partager cet article
Repost0

commentaires