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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 07:43

Si dans un casino le hasard et sa glorieuse incertitude sont de rigueur, ni l’un ni l’autre ne seront de la partie ce soir au conseil municipal, lorsqu’il s’agira d’attribuer la délégation de service public du casino pour les 15 années à venir. En fait, tout était joué d’avance et depuis longtemps. Quand les dés sont pipés, pas de hasard et pas d’incertitude non plus. C’est plus commode pour faire des affaires.

 

Bien que la nouvelle DSP ait fait l’objet, comme il se doit, d’un appel d’offres, tous les candidats ne se présentaient pas vraiment en situation d’égalité. Il y a tout d’abord une sorte de « prime au sortant ». Comprenez par là que quand un des candidats, en l’occurrence celui titulaire de l’actuelle délégation, compte la ville au rang de ses actionnaires, il y a de quoi se dire que les cartes sont biaisées dès le départ. Car il ne faut pas oublier que c’est la ville qui en tant que délégante doit choisir qui sera le délégataire. Quand on est à la fois candidate et juge, difficile de parler d’égalité.

 

Mais ce n’est pas tout. En centre ville, le délégataire actuel (la SA du Casino Grand Cercle) exploite les jeux dans des bâtiments lui appartenant. Le cahier des charges de l’appel d’offres imposant à chaque candidat d’indiquer dans quels locaux il compte exploiter les jeux s’il est retenu, vous vous doutez bien qu’à ce stade, la SA du Casino Grand Cercle a fait savoir à qui voulait l’entendre qu’en aucun cas elle ne vendrait ni louerait ses locaux à un autre délégataire (lire également en fin d’article). Or vu la surface nécessaire, et le périmètre imposé par le cahier des charges (c'est-à-dire le centre ville), un éventuel nouveau délégataire n’aurait eu d’autre choix que de s’installer soit dans le centre des congrès, soit dans les anciens thermes. Par exemple à la place de Valvital, dont on se demande bien à quel titre elle continue d’occuper ces lieux qui ne lui appartiennent pas.

 

Pour permettre l’exploitation de jeux dans ces endroits, il aurait fallu y réaliser des aménagements. Il ne vous aura pas échappé que tant le centre des congrès que les anciens thermes appartiennent à la ville. Or celle-ci a fait savoir aux candidats qu’en aucune façon elle ne financerait, ne serait-ce qu’en partie les aménagements de ses locaux nécessaires à l’exploitation des jeux. On pourrait voir dans cette position un souci d’équité de la ville envers tous les candidats. Mais quand l’un des candidats se trouve avoir la ville elle-même comme actionnaire, que son PDG se dit être un ami personnel du maire, et qu’il n’hésite pas à dire longtemps à l’avance que le renouvellement de sa DSP par le conseil municipal n’est qu’une formalité, l’équité n’est-elle pas déjà fortement remise en cause ?

 

Qui plus est la ville sait parfois, mais pas toujours, se montrer généreuse quand il s’agit de financer des opérations privées. Alors pourquoi pas dans ce cas précis ? Pourquoi ne pas accepter de prendre en charge au moins une partie des aménagements nécessaires à un potentiel nouveau délégataire des jeux ?

 

Quand ICADE a monté son projet immobilier pour le parking Wilson, la ville était prête à lui accorder plusieurs centaines de milliers d’euros de remise sur la valeur du droit à construire. Quand l’école Peyrefitte s’est installée dans l’aile sud des anciens thermes, la ville lui a consenti un loyer dérisoire (5.000 puis 10.000 euros par an pour 1.000 m² de surface). Ce qui a permis à la société en question dans un premier temps de financer l’aménagement de ses locaux, et dans un second temps de réaliser de confortables bénéfices. Bien plus importants que si elle payait un loyer normal.

 

Alors pourquoi ce qui est possible et appliqué pour certains serait-il impossible et inapplicable pour d’autres ? La réponse à cette question tient sans doute en 7 mots : « Il ne faudrait pas fâcher Monsieur Paul ».

 

 

LE MOT DE LA FIN

Qu’aurait bien pu faire la SA du Casino Grand Cercle de ses locaux du centre ville si d’aventure elle n’avait pas été reconduite dans sa délégation1 ? A notre avis pas grand-chose. En tout cas pas grand-chose d’autre que louer les parties dédiées aux jeux au nouveau délégataire. C’est en tout cas ce qui aurait été le plus simple et le plus rentable pour elle. Mais bien évidemment, il fallait faire croire le contraire. Quand on exploite un casino, il faut aussi savoir de temps en temps faire un coup de bluff !

 

 

1 Cet article a beau être publié avant la réunion du conseil de ce soir, on ne prend pas de risque en affirmant que la délégation des jeux est d’ores et déjà reconduite au bénéfice de la SA du Casino Grand Cercle. D’ailleurs son PDG lui-même l’affirme publiquement : l’aval du conseil n’est qu’une simple formalité !

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