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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 13:30

Chevalley.jpgEtonnante, et même stupéfiante cette déclaration de Dominique Dord, rapportée par le Dauphiné Libéré : « Les thermes étaient en cessation de paiement. Ils valent ce qu’un repreneur veut bien y mettre ». Etonnante, stupéfiante, à plus d’un titre.

 

Des thermes en cessation de paiement, dit autrement, ce sont des thermes en faillite. En faillite ! Et pourtant, souvenez-vous : quand en 2006 Gratien Ferrari évoquait la perspective d’une faillite de l’établissement thermal, Dord ne trouvait pas de mots assez durs à l’encontre de son ancien mentor. Qu’il accusait de nuire à l’image de la ville et des thermes, de saper l’excellent travail accompli aux thermes sous sa propre houlette. Quant à la perspective d’une faillite des thermes, Dord la balayait d’un revers de manche. Pour lui, c’était ridicule, stupide, inepte, insensé de simplement songer que les thermes puissent faire faillite. La preuve, ils étaient en plein redressement et le travail accompli portait ses fruits. C’est du moins ce qu’il écrivait fin 2006 dans une longue lettre aux aixois. Et pourtant, un peu plus de 4 ans plus tard, c’est le même homme qui concède sans sourciller et sans relever la contradiction avec ses propos passés, que les thermes sont bel et bien en faillite.

 

Enfin, c’est tout du moins le langage que tient Dord. Mais de faux-semblants en volte-face, on ne sait plus trop où en sont vraiment les thermes. En cessation de paiement comme le dit Dominique Dord dans son entretien avec le DL ? Dans ce même entretien il affirme que la trésorerie de l’établissement se montait à 6 millions d’euros au 31 décembre 2010. Comment un établissement qui a 6 millions d’euros en caisse peut-il être en cessation de paiement ?

 

Reste quand même au milieu de tout ce brouillard une phrase très juste : « Ils [les thermes, NDLR] valent ce qu’un repreneur veut bien y mettre ». Une vérité incontestable. La loi de l’offre et de la demande. Vous aurez beau estimer que votre voiture vaut 10.000 euros, si personne ne vous en propose plus de 5.000, vous n’aurez que le choix de la garder, ou de la vendre pour ce prix inférieur à vos attentes. Mais l’énoncé de cette vérité appelle inévitablement une question : pourquoi Dord, de son seul chef, a-t-il décidé de ne pas mettre plus d’un euro dans le rachat des thermes ?

 

Dans l’édito qu’il signe dans le journal municipal de mars 2011, le député-maire de la ville reconnaît l’importance des thermes dans l’économie de la ville, et rappelle que « Un grand nombre de nos concitoyens vit du thermalisme. Salariés de l’établissement, professionnels de santé, hébergeurs, commerçants … ». Comment peut-on à la fois faire ce constat et ne pas proposer plus d’un euro pour garder le contrôle de l’établissement thermal et de son avenir, si important pour l'économie de la ville et pour ses habitants ?

 

Si les collectivités locales étaient elles-mêmes en difficulté financière, on pourrait comprendre cette position. Mais Dord ne cesse de dire que grâce à sa gestion, tant la ville d’Aix les Bains que la CALB possède des finances en excellente santé. Alors quoi, elles n’avaient pas plus d’un euro à mettre dans le rachat des thermes ? La ville d’Aix s’apprête à dépenser 1,7 millions d’euros pour un seul rond-point avenue Franklin Roosevelt. La CALB a dépensé plus de 3 millions d’euros pour des aménagements plus que discutables au sommet du Revard. Elle s’apprête à dépenser plus de 5 millions d’euros pour la redécouverte de l’embouchure du Tillet, projet qui n’apportera pas grand-chose à la collectivité. La ville et l’agglo sont donc capables de dépenser des millions à droite et à gauche, mais seraient incapables de mettre plus d’un euro dans le rachat des thermes ? Ridicule !

 

Et pourtant, un euro, c’est bien le montant de l’offre de rachat que la ville a présenté. La ville ou plus exactement son maire. Car le 16 décembre dernier, le conseil municipal avait voté le principe d’une offre de rachat dans laquelle la ville pourrait mettre jusqu’à 4 millions d’euros. Comment ces 4 millions se sont-ils transformés en 1 seul et petit euro ? Mystère et boule de gomme. En tout cas à aucun moment les élus municipaux n’ont été consultés pour valider le montant de cette offre qui n’avait aucune chance d’emporter le marché. « Les thermes étaient en cessation de paiement. Ils valent ce qu’un repreneur veut bien y mettre ». Et Dord a donc jugé, sans l’aval de son conseil municipal, qu’il ne voulait pas y mettre plus d’un euro. Ce faisant, pour Thibaut Guigue, élu de l’opposition, il a outrepassé ses prérogatives et trahi les élus du conseil. On peut surtout se demander quelle stratégie Dord poursuivait-il en faisant cette offre à l’euro symbolique : celle de tout faire pour racheter les thermes, selon la volonté exprimée par le conseil municipal, ou celle de laisser le champ libre à un repreneur privé qu’il avait rencontré dans les semaines précédentes ?

 

 

La participation de la ville n’était pas limitée à 50%

Contrairement à ce que ne cessent d’affirmer Dord et ses colistiers, la participation de la ville dans une offre de rachat des thermes n’étaient en aucune façon limitée à 50%. Si cette offre avait été formulée dans le cadre d’une société d’économie mixte (SEM), la ville, éventuellement associée à d’autres collectivités, aurait du au contraire détenir au minimum 50% du capital (et 85% maximum).

 

D’après Dord, les socioprofessionnels aixois avaient réussi à réunir 850.000 euros. En y ajoutant les 4 millions votés par le conseil municipal en décembre dernier, l’offre aixoise aurait donc pu se monter à près de 5 millions d’euros. Bien plus que l’offre de Valvital. Et encore, on ne tient pas compte ici de ce que la CALB, le département et même la région aurait pu mettre dans le tour de table.

 

De tout ceci ressort une évidence : si les thermes aixois sont aujourd’hui privatisés, si plus de 70 millions d’euros de patrimoine ont été cédés à une société privée pour seulement 3 millions d’euros, si l’avenir du thermalisme aixois échappe désormais totalement au contrôle des collectivités locales, c’est le résultat d’un choix. Du choix d’un homme qui depuis 10 ans a toujours refusé d’envisager la transformation des thermes en SEM. Du choix d’un homme qui prétend que les thermes sont en plein renouveau, que le plan de redressement porte ses fruits, que l’avenir est radieux, que la direction de l’établissement est compétente, que les personnels sont motivés et efficaces, que Chevalley est l’établissement thermal le plus moderne d’Europe … bref que tout va bien mais que pour autant, tout ceci ne valait pas plus d’un euro ! Cherchez l’erreur …

 


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commentaires

V
<br /> <br /> Belle analyse vous avez la possibilité de mettre à jour la section thermalisme dans la présentation d'Aix-les-Bains dans wikipédia!<br /> <br /> <br /> <br />
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