Les occasions de se fendre la poire sont trop rares pour les laisser passer. Aussi vous recommande-t-on chaleureusement la lecture de l’article de l'Essor Savoyard du 4 août consacré à Musilac. Une longue suite de morceaux savoureux. A consommer sans modération mais sans pour autant perdre son sens critique.
Nota : les textes en italique sont extraits de l'article en question.
VICTIME ?
A tout seigneur, tout honneur. A savoir le titre en une, repris à l'identique en page intérieure. Musilac victime de son succès. On n'est pas sûr de bien comprendre. En quoi le festival lui-même est-il une victime dans cette histoire. Si victimes il y a, il faut plutôt les chercher du côté des riverains ou encore des pelouses de l'esplanade du lac.
TOUT EST SOUS CONTRÔLE
Ca se passerait presque de commentaires. On cite l'article de l'Essor : Le festival est obligatoirement soumis à de nombreuses normes, notamment des normes sonores. En régie, les décibels sont continuellement mesurés et surveillés. Ah bon, alors pendant la prestation des Chemical Brothers, c'était la pause pipi en régie ? Parce que de toute évidence, à ce moment (mais pas seulement à celui-là) les décibels dépassaient les normes. Et de loin. Pour notre part nous avons mesuré de longs moments à plus de 85 dB (le seuil de risque), à près de 1,5 km de distance de la scène. Avec plusieurs pics au-delà de 90 db !
Mais au fait, on y pense : puisque tout est continuellement mesuré et surveillé, les organisateurs doivent avoir un tracé continu du niveau sonore tout au long du festival. Voila un document qui serait fort intéressant à compulser. Surtout pour la justice qui va devoir instruire les plaintes déposées cette année.
RAPPORTE MÉDOR !
Musilac rapporte, c'est évident quand on regarde le nombre de festivaliers. Cette affirmation à l'emporte-pièce, on la doit bien évidemment à Dominique Dord. Qui est bien en mal de produire le moindre chiffre concret à l'appui de cette assertion assénée comme une vérité incontestable, mais qui l'est pourtant. Et qui tente de faire croire aux aixois que les dépenses de la ville pour Musilac se limitent (si on peut dire) aux 340.000 euros de subvention annuelle versée depuis 2002. Et tout le reste alors ? Pour venir au secours du maire, l’Essor n’hésite pas à citer le cas de l’hôtel Iroko, au Grand Port, principalement occupé par des techniciens. Fantastique, extraordinaire, alléluia, gloire, gloire ! Les deux tiers des chambres d’un hôtel occupé par les techniciens du festival, voila une preuve incontestable que Musilac rapporte à la ville et assure sa promotion touristique.
Précisons quand même que cela rapporte avant tout à l’hôtel, qui aurait par ailleurs sûrement fait le plein sans Musilac, avec la clientèle des juilletistes. Surtout à l’occasion d’un pont de 4 jours. Précisons aussi que les techniciens ne sont en rien des touristes, et qu’une fois leur boulot terminé à Aix les Bains, ils s’en vont le faire ailleurs. Précisons enfin que l’hôtel Iroko ne compte que 23 chambres, dont une quinzaine environ étaient occupés par des techniciens de Musilac. Le chiffre, bien faible, peine à convaincre de « l’extraordinaire impact du festival sur l’économie locale » …
Ceci étant, il n' a pas totalement tort notre maire. Vu le nombre de festivaliers, Musilac rapporte effectivement. A ses organisateurs ! 400.000 euros de bénéfice pour l'édition 2010 et ses 72.000 spectateurs. Avec 10.000 de mieux cette année, les finances de la SARL Musilac devraient rester au beau fixe. Petit détail (façon de parler) : 85% du bénéfice de 2010 provient de la seule subvention de la ville d'Aix les Bains. Ajoutez-y les subventions d'autres collectivités publiques, ainsi que les aides diverses en nature, et vous arrivez à ce résultat suprenant : 100% des bénéfices de la société privée organisatrice de Musilac proviennent de fonds publics.
FILS DE PUB
Pour en finir de rire (jaune) avec Musilac, voici une autre affirmation de notre bon député-maire : On serait incapable de financer une telle campagne de publicité, dit-il en parlant de la renommée que Musilac apporterait à Aix. Là encore, pas le moindre élément concret à se mettre sous la dent à propos de la dite renommée. Aucune étude sérieuse pour la mesurer.
Pourtant, rien qu'avec les subventions, la note est déjà de 3,4 M€ pour la ville depuis 2002. Soit peu ou prou 5 années du budget promotion et communication de l'OTT. 3,4 M€, ça fait déjà un beau budget pour une campagne de pub non ? Et pour pas mal d’autres choses aussi. Comme une salle des fêtes. Ou une médiathèque digne de ce nom. Ou des salles de répétition pour les groupes de musique de la ville et des environs. Ou encore pour ne pas augmenter de 42% les tarifs des cantines (avec 3,4 M€, les tarifs précédant les augmentations de 2009 auraient pu être maintenus durant presque 25 ans). Autant de choses dont, parait-il, la ville n’a pas les moyens.
LE MOT DE LA FIN
Impossible qu’il revienne à un autre qu’au maire de la ville. Qui en préambule à sa remarque concernant la campagne de pub (lire ci-dessus), y va de cette tirade grandiose : Ce qu’on ne pourra jamais évaluer et ce qui est pourtant le plus fort de cet évènement, ce sont les retombées indirectes. Aixoises, aixois, vous êtes priés de croire votre maire sur parole. D'après lui, les retombées indirectes sont impossibles à évaluer, mais il sait quand même, lui, qu’elles constituent le point fort de Musilac. Dit autrement, depuis des années la ville a dépensé des millions pour un évènement dont elle n’a pas la moindre idée des retombées qu’il lui apporte.
S’il se trouve un seul élu, parmi tous ceux qui se sont succédés aux affaires municipales depuis 2002, qui soit prêt à faire de même avec ses deniers personnels, qu’il se fasse connaître sans retard. On promet de lui faire ériger une statue sur l’esplanade du lac. Il pourra ainsi apprécier les décibels à souhait. Et on promet aussi de lui trouver tout un tas d’investissements à faire. Investissements dont les retombées pour son porte-monnaie seront … évidentes mais impossibles à évaluer. Au moins autant que le sont celles de Musilac. C’est dire si ça promet des affaires en or pour les intéressé(e)s qui devraient donc normalement se bousculer au portillon !