En juin 2006, il y a tout juste 4 ans, la ville, à l’initiative de Dominique Dord, cédait à la famille Garancini 30.000 m² de terrains en bordure du Bois Vidal. Plus exactement, elle réalisait un échange, en récupérant l’ancien institut Zander, que les Garancini avaient acheté à la ville quelques années auparavant.
On demeure encore totalement abasourdis face aux conditions financières de cet échange. Car non seulement la ville rachetait l’ancien Zander 3 fois le prix qu’elle l’avait vendu, et alors qu’entre temps aucun travaux n’avaient été réalisés par les nouveaux propriétaires, mais en plus les terrains, bénéficiant d’un environnement de qualité, étaient cédés au prix dérisoire de 15 euros/m². Il était alors question d’y réaliser un projet de centre de balnéothérapie et une résidence hôtelière 3*. Un projet sans aucune commune mesure avec le projet grandiose que Dord avait présenté aux élus en 2001 pour les convaincre de vendre dans l’urgence des terrains qui ne demandaient rien à personne, sauf peut-être à ce que la municipalité réfléchisse d’avantage à l’utilisation d’intérêt public qu’elle pourrait en faire.
Depuis, rien ne s’est fait sur les terrains de la Crémaillère. On n’a pas non plus vu naitre dans l’ancien Zander cette salle des fêtes que Dord avait promise mordicus aux aixois dès 2001.
En juin 2010, Dord s’apprête à vendre à la SOLLAR 3.200 m² de terrains coincés entre la voie ferrée, la gare et le boulevard Wilson, dans le cadre d’un projet de logements sociaux. S’agissant d’un projet à vocation sociale, répondant à un besoin d’intérêt public, on s’attend à ce que la vente se fasse à un prix en rapport avec cette vocation. Mais il n’en n’est rien. Non, ces terrains sans le moindre espace vert, exposés à tous les bruits, Dord va les vendre 375 euros/m². 25 fois plus que le prix qu’il a consenti aux Garancini pour leur projet. De quoi donner à réfléchir sur la bien étrange façon dont les prix du foncier varient à Aix les Bains ! De quoi crier sa colère aussi !
Mais puisqu’il faut aussi savoir dépasser sa colère, une porte de sortie « honorable » nous semble s’ouvrir toute grande. Les Garancini ont échoué dans leur projet immobilier sur les terrains de la Crémaillère. Et vu le contexte thermal aixois, il est peu probable qu’ils trouvent à courte et même moyenne échéance un investisseur pour se lancer dans un nouveau projet en rapport avec le thermalisme, comme le PLU l'impose pour ces terrains. Les voila donc avec un terrain sur les bras, certes acheté par cher, mais dont ils ne peuvent pas espérer faire grand-chose. Ils auraient donc tout intérêt à pouvoir procéder à un nouvel échange avec la ville. Par exemple avec les terrains du boulevard Wilson.
Enfin, une partie des terrains du boulevard Wilson. Car on rappelle que la valeur des terrains de la Crémaillère, c’est 450.000 euros, alors que ceux du boulevard Wilson valent 1.200.000 euros. Mais soyons bons princes. On propose d’échanger le moitié des terrains du boulevard Wilson (valeur 600.000 euros donc) contre la totalité de ceux de la Crémaillère (valeur 450.000 euros).
La ville conserverait ainsi 1.600 m² pour un parking public boulevard Wilson, et elle réintègrerait dans son patrimoine 30.000 m² d’espaces verts, dont elle pourrait allouer une partie à la réalisation de logements sociaux., qui y bénéficieraient d'un environnement de qualité Cela demanderait une révision du PLU, mais on voit mal qui pourrait s’opposer à cette révision, surtout en plein lancement du PLH (programme local de l’habitat) qui met en avance la grande carence aixoise en matière de logement social.
Quant aux Garancini, outre un « petit » bonus de 150.000 euros, ils récupéreraient un terrain sur lequel ils pourraient enfin concrétiser un projet immobilier. Comme un immeuble de bureaux par exemple. Ou encore une résidence de luxe. Après tout, si ces terrains sont bons pour des logements sociaux, il n’y a pas de raison qu’ils ne le soient pas aussi pour une résidence de standing. Surtout que le maire lui-même s’est dit prêt à y loger sa famille, c’est vous dire s’il n’existe pas le moindre obstacle à l’installation de familles aisées dans une résidence qui serait construite entre une voie ferrée et une artère très circulante !
Cerise sur le gâteau, les Garancini pourraient même y redorer leur blason, en pouvant se targuer d’avoir construit un écran acoustique pour protéger les habitants de la rive est du boulevard Wilson !
Oui, vraiment, tout ceci aurait sacrément de la gueule. Et tout le monde serait gagnant. Ca devrait plaire au maire, lui qui aime tant les partenariats « gagnant – gagnant ». On se demande même pourquoi il n’y a pas pensé tout seul ! Sans doute est-il un peu trop surchargé par son triple cumul de maire, de président de l’agglo et de député … Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire !
Bien évidemment, vous aurez compris que cette idée d’échange, pourtant loin d’être stupide, n’a aucune chance de se concrétiser. La principale raison étant que le bénéfice confortable que les Garancini pourraient en tirer est sans aucune commune mesure avec le colossal jackpot qu’ils encaisseront le jour où le PLU sera modifié, autorisant tout type de construction sur les terrains de la Crémaillère. Une modification qui interviendra forcément un jour : vu l’état du thermalisme aixois, cela n’a plus aucun sens de réserver des hectares entiers pour permettre son développement. Ce n’est donc qu’une simple question de temps. Il faut aussi laisser un délai « raisonnable », pour que l’oubli s’installe, pour qu’on ne se souvienne plus des conditions dans lesquelles ces terrains ont été achetés. Mais autant vous dire que vous pouvez compter sur nous pour que cela ne tombe pas dans l’oubli !
BONUS : à votre avis, combien vaudraient les terrains de la Crémaillère s’ils devenaient aujourd’hui libres de construction ? Vu leur situation exceptionnelle (proximité du centre ville et du Bois Vidal, vue sur le lac), vu le prix estimé pour les terrains du boulevard Wilson (voie ferrée, aucun espace vert), un prix aux alentours de 500 euros/m² ne parait pas déraisonnable. Il serait même plutôt nettement sous-estimé. Mais ça ferait quand même 33 fois le prix payé par les Garancini ! Soit une valeur théorique de 15 millions d’euros, pour des terrains achetés … 450.000 euros. On comprend que ça attise les convoitises. On comprend aussi que nul ne soit pressé de proposer un échange avec les terrains du boulevard Wilson.